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Commission fédérale des médias : haro sur le streaming !

La numérisation bouleverse totalement la branche des médias, le public et la démocratie. Aujourd’hui, les médias sont de plus en plus consommés sur l’internet et sur des supports mobiles. Avec des services de streaming comme Netflix ou Spotify, la radio et la télévision font face à une concurrence supplémentaire. Et toujours plus de personnes consultent des contenus de médias non pas sur les canaux, les sites internet et les applications des médias, mais sur des plateformes comme Facebook, TikTok ou YouTube.

Les services de streaming accroissent la concurrence et la variété de l’offre, notamment dans le secteur du divertissement, mais ne sont pas soumis aux mêmes règles que la radiodiffusion. Par souci d’équité, la Commission fédérale des médias (COFEM) demande donc que la réglementation existante soit étendue aux services de streaming. Face à l’offre gigantesque de Netflix & Co, les chaînes suisses peuvent se profiler entre autres avec leurs propres productions. Or, ces productions coûtent cher. C’est pourquoi, il est indispensable de maintenir une SSR financièrement stable, chargée d’un mandat de prestations clair, ainsi que des fournisseurs privés au bénéfice d’une concession. La diversité régionale, notamment linguistique, doit aussi être garantie.

Les plateformes recèlent un grand potentiel pour la démocratie. Les individus et les groupes peuvent facilement accéder au public et disposent de nouvelles possibilités d’information, de discussion et de participation. Certains risques, comme les bulles de filtrage ou les fake news, sont fortement exagérés dans le discours public. Toutefois, les plateformes représentent aussi un double défi pour la démocratie: elles rendent difficile le financement du journalisme et modifient fondamentalement par leurs algorithmes la communication publique.

  • Les plateformes rendent difficile le financement du journalisme. La publicité et l’utilisation se déplacent vers les moteurs de recherche et les réseaux sociaux, ce qui engendre des mesures d’économie dans les rédactions et accélère les processus de concentration dans les médias. Dans une démocratie directe, cette situation est problématique.
  • La COFEM préconise une aide directe au journalisme et à l’innovation pour que le journalisme puisse encore être financé à l’avenir. Les fonctions d’information et d’analyse remplies par le journalisme doivent être maintenues. Il est également nécessaire de faire une interprétation moderne du service public. La SSR doit pouvoir remplir son mandat de prestations avec une offre à la demande personnalisée, basée sur des algorithmes. Un algorithme de service public ne doit pas répondre à une logique commerciale.
  • Les plateformes modifient de plus en plus la communication publique. Elles doivent assumer aussi une responsabilité. D’une part, il existe avec les plateformes un risque de diffusion de contenus problématiques (p. ex. appel à la haine, représentation d’actes violents) et de désinformation ciblée.
  • Pour la COFEM, une collaboration (coréglementation) entre la branche et les pays européens est nécessaire pour mieux protéger les sociétés démocratiques contre ce risque. Parallèlement, les compétences médiatiques et numériques doivent être renforcées. D’autre part, les algorithmes, qui déterminent nos fils d’actualité ou nous recommandent des articles ou des vidéos, ne sont pas neutres. Les plateformes doivent donc être tenues de mieux expliquer comment les résultats de recherche et les recommandations sont obtenus, et de mieux évaluer les effets de leurs algorithmes sur la société.

Victoria Marchand

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