Cominmag.ch

Vers un retour des aides directes pour les éditeurs?

Suite à la prise de position de la Commission fédérale des médias (COFEM) voir article ICI, l’Association des éditeurs (Schweizer Medien) a pris cette position :

« Dans un rapport présenté aujourd’hui, la Commission fédérale des médias (COFEM) propose de renforcer le service public des médias par différentes mesures. Ce faisant, elle se réfère exclusivement aux prestations des médias financés par la redevance, en premier lieu la SSR. La COFEM ignore largement la prestation importante et essentielle des médias privés pour l’approvisionnement médiatique de base actuel et méconnaît le fait que le système médiatique actuel repose sur une interaction entre les médias financés par la redevance et les médias privés. « L’Engadiner Post », les « Schaffhauser Nachrichten » ou « l’Urner Zeitung » garantissent la présence d’informations journalistiques dans toutes les régions. Sans les médias privés, il ne serait pas possible de couvrir l’ensemble du territoire et surtout d’offrir une information diversifiée.

Il est donc essentiel que les médias privés soient également pris en compte lorsque l’on discute de la garantie de l’approvisionnement en informations de la population. L’Association des éditeurs suisses de médias (Schweizer Medien) est irritée par le fait que le DETEC, en particulier, n’intègre pas suffisamment le rôle des médias privés dans ses réflexions. Seule une interaction équilibrée entre les médias financés par la redevance et les médias privés garantit la fourniture d’informations sur l’ensemble du territoire et la formation d’une opinion fondée en Suisse. A l’avenir également, la population doit avoir le choix entre regarder le « Tagesschau », s’informer sur nzz.ch ou lire le « Blick » imprimé.

Un futur soutien aux médias doit apporter une vision globale des médias privés et financés par la redevance. De nouvelles solutions doivent être recherchées. Un état des lieux déjà annoncé par le Conseil fédéral devrait montrer les premières approches. L’association des éditeurs réfléchit également à l’avenir du soutien aux médias. »

Vers un nouveau projet d’aide directe pour les médias écrits ?
La formulation de cette prise de position pourrait donner à penser qu’un changement de doctrine est en train de s’opérer du côté des éditeurs. Il est vrai que la baisse de la publicité qui met à mal tout le business modèle de cette industrie a contraint ces derniers à restructurer leurs rédactions et leurs offres ces derniers mois.

La remise en question de la redevance avec l’initiative pour une redevance à 200 francs et la consultation du contre-projet du Conseil fédéral (redevance à 300 francs) pose à nouveau la question du financement et de l’avenir du service public…. alors que les téléspectateurs suisses avaient clairement soutenu ses médias publics en 2017 (initiative No Billag rejetée à 71,6%).

Le Conseil fédéral, sous l’impulsion du nouveau responsable UDC du DETEC en charge notamment l’audiovisuel public, a décidé de revenir avec un projet moins extrémiste mais tout aussi problématique car, additionné à la chute de la pub et de la parte de la compensation de l’inflation, il réduirait fortement les moyens du service public et sa capacité de production.

Par ailleurs, le Conseil Fédéral a donné ses orientations pour la future concession de la SSR  et il souhaite que celle-ci réduise son offre sportive, au grand damne du monde du monde du sport suisse. Résultat, le public paierait certes moins de redevance mais devrait s’abonner à des offres privées et étrangères, puisqu’aucun acteur local ne pourrait produire de telles images.

Réduire le soutien aux médias audiovisuels n’aurait donc aucune conséquence positive pour les médias écrits. Pour rappel, le service public ne peut en Suisse vendre de la publicité sur ses offres en ligne. Cette ligne a toujours été décrite comme un casus belli pour les éditeurs. Or, ces derniers viennent de s’élever contre le projet de ce même Conseiller fédéral qui souhaiterait réduire la distribution du service postal à trois jours au lieu de six. L’argument de l’Association des éditeurs : les revenus de la branche proviennent essentiellement du print et il en irait ainsi pour longtemps.

Mais le départ des volumes publicitaires print et  web, partis sur les plateformes sociales américaines ou chinoises, ne peut être sous-estimé. La mission de la presse écrite est essentielle dans un pays à la démocratie directe, ce qui amène ces mêmes éditeurs a demander, si on lit bien entre les lignes de cette prise de position, des aides directes publiques.

Monter les médias les uns contre les autres n’amènera rien de bon. Et politiser ce débat crucial pour la démocratie encore moins. Pourquoi n’arrive-t-on pas à réunir tous les médias et à trouver la meilleure solutions pour que la Suisse puisse garder une place médiatique ?

Quitter la version mobile