America’s Cup : comment rendre cette compétition « grand public »?
Tous les sports ne sont pas égaux en termes de popularité. La couverture des Jeux Olympiques, avec une diffusion continue durant deux semaines, permet de cacher cette réalité. Si l’on devait analyser les audiences sport par sport, certaines disciplines ne pourraient pas répondre aux attentes des sponsors. Les records d’audiences obtenus cette année, tant en télévision linéaire, en replay qu’en ligne, sont dus à la surexposition, à la pression et au calendrier.
Rien de tout cela pour la Coupe de l’America. N’en déplaise à Ernesto Bertarelli, qui déplore que la plus vieille compétition sportive au monde ne jouisse pas d’une telle couverture médiatique globale. « Nous avons plus d’héritage que n’importe quel autre sport ici, l’histoire de cet événement, la rivalité, les histoires, les images. Il y a beaucoup de matériel pour promouvoir cet événement », a-t-il déclaré à Bloomberg.
Pourtant, l’Union Européenne de Radio-Télévision (UER) a acquis les droits médias pour la 37e édition de la Coupe de l’America dans 39 territoires, de quoi diffuser ces images à très large échelle. De plus, ces droits couvriront également les Challenger Selection Series, le Match, ainsi que la Coupe de l’America féminine et celle des jeunes.
Cette compétition, connue pour être financée par des milliardaires (Ernesto Bertarelli a investi 135 millions de dollars pour revenir dans la course), est soutenue par Louis Vuitton, et tous les bateaux arborent tant d’enseignes que l’on pourrait les comparer à des totems publicitaires.
Mais l’afflux d’argent ne saurait être un signe de succès. Il y a trois ans, la dernière édition de la Coupe de l’America avait enregistré une audience cumulée d’environ 68 millions de téléspectateurs entre les chaînes de télévision gratuite et en ligne, ce qui représente l’audience moyenne d’une seule course de Formule 1 en 2023.
Comment rendre la mariée plus attractive ?
Massimo Lorenzi, responsable des sports à la RTS, donne la réponse : « Cette compétition n’est pas grand public. » C’est aussi simple que cela ! Pourtant, les chaînes de la SSR vont couvrir l’événement, car un des bateaux en compétition est suisse et qu’Alinghi avait déjà créé la surprise en 2003 et 2007. Le retour dans la course valait bien que cinq journalistes soient dépêchés à Barcelone pour une couverture TV et web. Mais ce journaliste sportif prévient : « Si le bateau suisse sort de la course, nous baisserons aussi la voilure. »
La solution passerait-elle alors par la série ? En effet, le monde de la Formule 1 était confiné à un public d’amateurs avant que « Drive to Survive », une série documentaire réalisée en collaboration entre Netflix et le Formula One Group, ne montre les coulisses de ce sport. Diffusée pour la première fois en 2019, la série en est déjà à sa 6e saison. Elle a réussi à attirer la génération Z et le public féminin, jusque-là hermétiques aux voitures.
En ira-t-il de même pour l’America’s Cup ? Certains l’espèrent !