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Et si Google était démantelé?

Le gouvernement américain, à travers le ministère de la Justice (Department of Justice, DOJ) et plusieurs États, a engagé une action en justice contre Google pour pratiques anticoncurrentielles. Cette plainte, déposée en octobre 2020, vise à casser ce que les autorités considèrent comme un monopole que Google a établi sur le marché de la recherche en ligne et de la publicité numérique.

Les principales accusations portent sur l’utilisation de position dominante dans le secteur des moteurs de recherche qui vise à exclure la concurrence, notamment en imposant des contrats exclusifs avec les fabricants de téléphones (comme Apple), les opérateurs mobiles et les développeurs de navigateurs pour que Google soit le moteur de recherche par défaut sur les appareils et les navigateurs. Il est également reproché à Google de contrôler une grande partie de la publicité numérique, notamment par sa plateforme publicitaire et par des accords qui limitent la concurrence.

Ce qui amène le gouvernement à imaginer démanteler certaines activités de Google. Cela pourrait impliquer de forcer Google à se séparer certaines de ses divisions, comme sa plateforme de publicité numérique, qui regroupe des services de vente et d’achat d’espaces publicitaires. Le DOJ pourrait également imposer des restrictions sur la manière dont Google conclut ses accords avec des partenaires tiers pour éviter qu’il ne verrouille les utilisateurs dans son écosystème.

Le gouvernement pourrait également chercher à interdire ou limiter les contrats d’exclusivité entre Google et des entreprises tierces, ce qui permettrait à d’autres moteurs de recherche (comme Bing, DuckDuckGo ou Yahoo) de concurrencer plus équitablement Google. Ce qui leur donneraient une chance plus équitable d’acquérir des utilisateurs.

Parallèlement, le gouvernement plaide aussi pour une régulation plus stricte des grandes entreprises technologiques. Des initiatives législatives ont été proposées au Congrès pour réviser et renforcer les lois antitrust existantes, qui datent en grande partie du début du 20e siècle. Cela inclut des propositions pour mieux surveiller et limiter les acquisitions d’entreprises par des géants comme Google, qui pourraient être utilisées pour étouffer des concurrents potentiels.

On le comprend, l’objectif global de toutes ces mesures est de rétablir une concurrence loyale sur les marchés du numérique en empêchant Google d’abuser de sa position dominante pour entraver l’innovation et restreindre les choix pour les consommateurs. Le procès contre Google est l’un des plus grands cas antitrust aux États-Unis depuis des décennies, et ses résultats pourraient avoir un impact majeur sur l’industrie technologique globale.

Ces démarches ont-elles une chance d’aboutir ?
Plusieurs éléments peuvent influencer l’issue du procès et la capacité du gouvernement à casser ou limiter le monopole présumé de Google :

Des affaires antitrust majeures, comme celles contre Microsoft dans les années 1990, ont montré que les tribunaux peuvent se montrer réceptifs aux arguments antitrust dans le secteur technologique. Dans ce cas, Microsoft a été contraint de modifier ses pratiques commerciales, ce qui a permis à des concurrents comme Google de prospérer à l’époque.

La montée de la méfiance vis-à-vis des grandes entreprises technologiques et l’appel croissant à une régulation plus stricte, aussi bien chez les Républicains que chez les Démocrates, donnent un soutien politique à l’action en justice. Cette pression bipartite pour limiter le pouvoir des géants technologiques comme Google pourrait favoriser la prise de mesures plus sévères.

Enfin, Google a déjà fait face à des sanctions importantes en Europe pour des pratiques anticoncurrentielles. Par exemple, la Commission européenne a infligé plusieurs amendes à Google, notamment une amende de 2,42 milliards d’euros en 2017 pour abus de position dominante dans son service de comparaison de prix. Ces décisions pourraient servir de modèle ou d’inspiration dans le cadre des débats aux États-Unis.

Reste à savoir si le démantèlement de Google, en particulier dans ses divisions interconnectées de recherche, de publicité et d’autres services, pourrait être mis en œuvre. Cela pourrait susciter des débats sur la faisabilité technique d’une telle séparation, ainsi que sur l’impact potentiel sur les consommateurs et l’économie numérique. Certaines entreprises qui utilisent les services publicitaires de Google pourraient également argumenter qu’elles bénéficient de l’intégration de ces services, rendant ainsi la séparation moins souhaitable.

Tout n’est pas si simple et le temps de l’action de la justice et des appels pourraient permettre à Google de garder ses avantages pendant de nombreuses années encore. Mais si le DOJ parvient à prouver un véritable préjudice à la concurrence ou aux consommateurs, les conséquences pourraient être significatives, allant jusqu’à une modification des pratiques commerciales de Google, voire une éventuelle scission.

Victoria Marchand

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