Quand l’IA fait du rififi à la radio
Rappelez-vous, en avril 2023, Couleur 3 avait imaginé une journée spéciale durant laquelle l’ensemble de ses contenus (voix, textes et musiques) seraient produits par l’intelligence artificielle (IA). Seuls les bulletins d’information étant concoctés par des humains.
De 6h et jusqu’à 19h, les voix habituelles de Couleur 3 avaient été clonées et avaient été présentes à l’antenne de manière synthétique.
Verdict du chef d’antenne, Antoire Multone, « Le résultat est bluffant. On a beau savoir que ce sont des robots, on se fait parfois avoir. Les pistes sont brouillées ».
L’expérience est restée comme telle et plus jamais, la radio de service public n’a remplacé ses animateurs par des avatars. Tester ce n’est pas forcément adopter.
En Pologne, tout à mal tourné
Off Radio Krakow, une petite radio de service public, s’est également mise à l’IA mais pas pour expérimenter cet outil mais pour trouver une solution à ses problèmes financiers. C’est pour palier à des licenciements que des animateurs virtuels – Alex, Emilia et Jakub – ont vu le jour en octobre dernier.
Ces avatars ne se sont pas contentés d’écrire des articles, ils ont également procédé à des interviews virtuels. Ainsi, Emilia s’est entretenue avec la poétesse polonaise Wislawa Szymborska, décédée en 2012 et prix Nobel de littérature en 1996, a donné son avis au sujet de la Sud-Coréenne Han Kang, Prix Nobel de littérature 2024. Oui, vous avez bien lu : les dates sont exactes et cet interview imaginaire est totalement impossible.
Les réactions ne se sont pas faites attendre : « Nous avions prévu que ce projet dure trois mois, mais après une semaine, nous avons reçu tant de messages que nous en avons tiré les leçons et conclu que sa poursuite relèverait du non-sens », a précisé son administrateur, Marcin Pulit, dans un communiqué. « Nous avons été surpris par le degré d’émotion que cela a engendré, car il s’agissait d’une expérience pour apprendre à appréhender l’IA. »
Vérité en Suisse et mensonge en Pologne ?
Non, mais ce qui a fait toute la différence c’est la communication. En Suisse, l’opération a été annoncée à l’avance, alors qu’en Pologne ce sont les auditeurs qui ont réclamé face à tant d’hallucinations informatiques.
Les politiciens polonais n’ont pas hésité à se mêler à la controverse. A l’instar de Krzysztof Gawkowski, le ministre de la numérisation, qui a lancé, sur le réseau social X : « Même si je suis un fan du développement de l’IA, je crois que, de plus en plus, certaines limites sont franchies. (…) L’usage répandu de l’IA doit être fait pour les gens, pas contre eux. »
CQFD !