Prix GHI-Lausanne Cités du journalisme local 2013
Pour la troisième année consécutive, le jury du Prix GHI du journalisme local romand formé de Jean-Philippe Rapp, président, Jean-Marie Fleury et Jean-Marc Velleman, éditeur et directeur général du Groupe GHI Lausanne-Cités, Isidore Raposo, rédacteur en chef de La Région et Guy Mettan, directeur exécutif du Club suisse de la presse, a récompensé les meilleures plumes du journalisme local romand. 50 dossiers ont été examinés, dont 35 de journalistes confirmés et 15 de stagiaires ou de jeunes journalistes. Trois lauréats ont été distingués cette année.
Prix du jeune talent prometteur: Matteo Maillard
Le jury a porté son choix sur un jeune journaliste qui l’a fait voyager en TGV, entre Lausanne et Paris. Un trajet que ce jeune confrère âgé de 25 ans a effectué à de nombreuses reprises, notamment en raison de sa participation à un programme de formation du Monde. Matteo Maillard, puisque c’est de lui qu’il s’agit, a en effet été le seul Suisse retenu, et primé, parmi les 68 finalistes, par le prestigieux quotidien français, où il a eu l’occasion de voir ses reportages publiés. Il effectue actuellement un stage d’été à La Tribune de Genève, après avoir publié son reportage dans Le Temps.
Le jury a été séduit par la qualité du reportage effectué dans un monde confiné, celui d’un train, à l’occasion duquel il a comparé les statuts de deux collaborateurs affectés au service de la clientèle, employés de deux sociétés différentes, et dont la rétribution diffère considérablement. En voyant défilé les paysages depuis le train, le lecteur entre dans la vie de deux gens, les particularités de leurs conditions de travail, et les différences de salaires. Matteo Maillard a rend ce voyage très plaisant pour le lecteur, mais aussi très instructif et vivant, grâce à une belle maîtrise de l’écriture.
Prix du journalisme local, RP expérimenté, 1er prix à Fabiano Citroni
La rémunération des membres des conseils d’administration est un sujet régulièrement débattu sur la place publique, au même titre que les salaires des dirigeants des grandes sociétés. Fabiano Citroni a eu le courage – l’audace diraient certains de ses interlocuteurs – d’aborder la problématique de la rémunération dans les conseils d’administration des régies publiques autonomes genevoises. On pourrait imaginer que, s’agissant d’entités dépendant de l’Etat, le principe de transparence s’applique. Le travail d’enquête réalisé par Fabiano Citroni démontre que ce n’est pas si simple.
Dans son enquête parue dans la Tribune de Genève, ce journaliste, qui a entretemps migré au matin Dimanche, a fait preuve de pugnacité et de persévérance pour mener son enquête jusque au bout. Il a ainsi révélé que l’harmonisation des rétributions des administrateurs voulue par le Conseil d’Etat a abouti à une augmentation globale de quelque 900 000 francs. Cette révélation a notamment eu pour conséquence des interventions politiques au Grand Conseil genevois, actuellement étudiées par la commission législative.
Le jury met en évidence la clarté de l’enquête, qui comporte notamment un tableau comparatif des rétributions, la maîtrise de l’écriture, et le talent de l’investigateur.
Prix du journalisme local, RP expérimenté, 2e prix à Claude Grimm
La série d’articles consacrée par la journaliste neuchâteloise Claude Grimm, correspondante du Courrier, au conflit social qui sévit à l’Hôpital de la Providence, à Neuchâtel, a déterminé le jury à récompenser ce travail de localière dont les articles, particulièrement explicites dans un domaine de la santé généralement complexe, a permis au lectorat du Courrier de suivre l’évolution d’une opération de privatisation dans le domaine de la santé. Ce travail est d’autant plus intéressant que la nouvelle formule de financement des hôpitaux suisses, entrée en vigueur l’an dernier, risque de voir ce type de conflit se renouveler.
Soucieuse d’équité, notre consoeur a toujours pris soin de donner la parole aux autres parties, même si, dans ce type de conflit, l’action syndicale suscite forcément l’empathie du public, et forcément celle du lectorat du Courrier.