Comment Apple entre dans le marché du Mobile Health
A l’occasion de la Keynote très attendue d’Apple lors de la WWDC de juin, la firme de Cupertino a présenté son nouveau système d’exploitation pour mobile iOS 8 qui comprend un nombre important de nouveautés. A l’heure où j’écris cette chronique, Apple étant toujours fidèle à elle-même, personne ne connaît encore la date de sortie du nouvel iOS 8.
Cependant, je ne pouvais pas passer à côté d’une des nouveautés d’iOS 8 qui surfe sur le Big Data dans le domaine de la santé : l’application Health, qui sera installée par défaut sur les iPhone, iPod Touch ou encore iPad via le nouveau OS.
L’application sera complétée du SDK Health Kit, mis à disposition des développeurs pour que leurs applications ou objets connectés « échangent » et « discutent » avec l’application Health.
Apple met donc la santé et la tendance de l’auto-mesure ou « Quantified Self » dans le top de ses priorités stratégiques, et ce n’est pas sans raison : l’auto-mesure et l’autodiagnostic n’ont jamais été aussi populaires.
L’auto-mesure n’est pas une nouveauté en soi, elle a commencé au XIXe siècle avec le thermomètre médical, complété par le pèse-personne au début du 20ème siècle. Les années 60-70 ont vu une généralisation des outils de mesure en lien avec la santé. Et dans les années 80-90, on a vu l’auto-mesure s’appliquer au domaine sportif : cardio-fréquence/mètre pour les adeptes de course à pied, tapis roulants, etc.
Aujourd’hui, les applications mobiles sont nombreuses sur le marché et proposent de s’auto-mesurer dans des domaines aussi variés que les activités physiques et sportives, la nutrition, le mode de vie ou encore la gestion de sa santé au quotidien (tension, suivi glycémique, analyse du sommeil, perte de poids, fertilité, etc.)
Ces applications peuvent être accompagnées d’objets connectés portables (wearables) comme des bracelets ou des montres, ou encore de matériel « médical » comme des tensiomètres, permettant de mesurer soi-même sa tension et de remonter les informations vers une application dédiée.
A titre d’exemple, la société française Kolibree a lancé il y a quelques temps la brosse à dents connectée qui enregistre les informations relatives aux habitudes de brossage, notamment la fréquence ainsi que les zones non brossées correctement. La brosse à dents transmet ensuite, via Bluetooth, les données à l’application présente sur le Smartphone. Les informations pourront ensuite être transmises directement au dentiste.
Apple, en lançant le Health kit, souhaite collecter au même endroit (sur la future application Health) toutes les données remontées par les applications d’auto-mesure.
Cette entrée dans le Big & Open Data de la santé pose cependant la question de la légitimité d’un acteur technologique dans le domaine de la santé : quelles seront les recommandations médicales basées sur les données ? Qui donnera les alertes liées à un besoin urgent de consultation ? Qui traite, analyse l’information et donne un résultat?
Un algorithme ? Le médecin traitant qui aura pu récupérer les données ?
Apple semble avoir pensé à cette problématique : la société annonce en effet un partenariat avec « Mayo Clinic », établissement de soins reconnu de la côte ouest américaine. La firme à la pomme semble donc anticiper et balayer toute critique prématurée et s’entoure de la légitimité si nécessaire au domaine de la santé.
Vous avez dit « An Apple a day keeps the doctor away » ? Affaire à suivre…
Sources :
– Apple / Communiqué de presse : http://www.apple.com/pr/library/2014/06/02Apple-Unveils-iOS-8-the-Biggest-Release-Since-the-Launch-of-the-App-Store.html
– L’évolution du Quantified Self, Paulina Deik, Slide Share http://www.slideshare.net/paulinadeik/lvolution-du-quantified-self