Agence de presse nationale : quels scénarios pour un développement pérenne?
Les agences de presse jouent un rôle important pour les médias suisses, le Conseil fédéral l’a reconnu ce matin. En effet, ce 2 juin 2023, le Conseil fédéral a adopté un rapport qui montre comment leurs prestations peuvent être fournies dans le sens d’un service public. Il y présente trois scénarios visant à financer une agence de presse nationale.
En réponse au postulat 20.3049 du Conseiller national Jon Pult, le Conseil fédéral a adopté un rapport sur l’avenir d’une agence de presse nationale. Il y souligne l’importance d’une telle institution pour le paysage suisse des médias. Il esquisse trois modèles pour son financement et son exploitation :
- une aide dans le cadre actuel,
- une augmentation modérée du soutien financier conformément à la décision prise par le Parlement en 2021 sur le train de mesures en faveur des médias ,
- la mise au concours publique d’un mandat de prestations pour une agence de presse nationale.
Le Conseil fédéral reviendra sur la question du soutien à une agence de presse nationale dans le cadre de son rapport sur une aide aux médias tournée vers l’avenir (Postulat Christ 21.3781). Ce deuxième rapport est attendu pour le printemps 2024.
Contexte
Le débat sur le train de mesures en faveur des médias a montré que, si tout le monde s’accorde sur l’importance de maintenir (voire de renforcer) un paysage médiatique de qualité aussi diversifié que possible, la manière dont ce but doit être atteint est loin de faire l’unanimité. Quel que soit le sort réservé par le Parlement et le peuple au projet de loi en préparation, on ne peut faire l’économie dès aujourd’hui d’une réflexion sur l’avenir de l’aide aux médias. Quelle forme pourrait prendre cette dernière dans les prochaines années ? Quelles sont les différentes possibilités qui s’offrent à nous ? Si le projet de loi entre en vigueur, sa durée de validité sera limitée dans le temps, et il faut d’ores et déjà se préparer à la suite. S’il est au contraire rejeté, la discussion n’en sera que plus urgente. Le remplacement du système actuel, axé notamment sur les différents canaux de distribution, prendra en effet du temps.
En 2014 déjà, un groupe d’experts créé par le Conseil fédéral avait recommandé de remplacer l’aide indirecte à la presse par un nouveau système qui ne soit pas fondé sur le papier, après avoir identifié une tendance croissante vers une utilisation des médias affranchie du temps et de l’espace, technique, individualisée et interactive. Il recommandait ainsi une aide directe conçue de manière neutre tant au niveau de la technique que des canaux de diffusion. Un soutien étatique durable doit en effet être indépendant du canal de diffusion, tous les modes de diffusion ayant la même valeur pour la formation démocratique de l’opinion. L’accent doit être mis sur la qualité journalistique et la production de contenus, quel que soit le moyen par lequel ces derniers parviennent aux consommateurs. L’aide étatique, qui devra être indépendante du modèle d’affaires, ne devra en outre pas fausser la concurrence ni entraver la transformation numérique et l’innovation par des incitations financières inopportunes.