Bienvenue au journalisme des objets !
La blague est connue de tous les amateurs de politique. « Quelle est la taille de N. Sarkozy ? Un mètre quarante-sept selon les syndicats. Un mètre quatre-vingt-huit selon la police ». Avec le journalisme des objets, ce genre de débat sera rapidement clos.
L’Internet des objets est souvent décrit comme la prochaine évolution physique du réseau. En effet, chaque objet communiquant ou créateur de données peut devenir connecté, et, ce faisant, devenir une partie de la toile mondiale.
Caméras de surveillance, détecteurs de mouvements ou senseurs divers, les différents types d’outils de mesure qui peuvent se connecter à Internet sont toujours plus nombreux. D’abord fixes, ces instruments deviennent de plus en mobiles (intégration aux véhicules, aux drones, aux appareils nomades).
A mon avis, une grande partie de ces outils sont déjà pertinents dans une démarche journalistique d’enquête et de vérification des faits. Plus largement, ces technologies pourraient aussi être utilisées pour générer des données en masse afin de créer des statistiques valides, sans avoir les limitations traditionnelles des échantillons réduits.
Dans la lignée de la witz citée en titre, l’exemple classique de la manifestation où les organisateurs indiquent une participation de 1 million de personnes alors que la police ou le gouvernement, lui, ne confirme que 200 000 présences, est typiquement une bonne illustration des questions auxquelles le journalisme des objets peut amener des réponses. Des réponses fermes, empiriques, exhaustives et consultables par tous. En effet, de ces deux chiffres, l’un est forcément faux. Mais ce qui paraît le plus probable est que les deux déclarations sont (volontairement) incorrectes et que la vérité numérique est médiane.
Sans attendre aucun développement technologique, il est d’ores et déjà possible de répondre à la question du nombre de manifestants de deux manières. En partant du principe que le nombre de manifestants est de x/m2 (dépendant de la nature du public présent, exemple : lycéens ou familles). Le décompte devient alors possible en accédant à une image exhaustive de la foule au complet à un instant T (avec un drone en survol). Autre alternative : en analysant le flux complet de personnes à un point de passage fixe (webcams privées ou caméras de surveillance).
Utiliser les outils existants pour être précis n’est plus un luxe aujourd’hui. Avec le journalisme des objets, les médias bénéficient d’une nouvelle famille de sources, non-humaines, fiables et ouvertes, qu’ils se doivent d’utiliser.
Clément Charles
ATC News Agency
PS : En réalité, l’ancien président français mesure un mètre soixante-neuf.