Tendances

Sortir de la crise par le haut

Les journaux sont en crise depuis quelques années, comme bon nombre d’autres médias faisant face aux défis du changement. Malgré cela, le consensus reste fort sur la nécessité absolue d’avoir des médias de qualité dans une société démocratique saine.

Le premier problème est la pression externe sur les revenus. Cette pression provient autant du changement de contexte technologique ou de la compétition toujours plus intense entre les différents supports que de l’augmentation des coûts de production (prix du papier, du transport) ou de la baisse des revenus publicitaires.

Plus discret et subtil, mais aussi plus profond et plus grave, le deuxième problème est le mode et la logique de production, au sein de rédactions démotivées et pleines de questions sur leur rôle sociétal. Historiquement valorisés pour la production de contenus originaux et uniques, les journalistes ressentent bien les limites de leur capacité à livrer de la valeur ajoutée dans des sujets spécialisés hors de leurs champs d’expertise ou dans des contenus généralistes qui répètent ce que tout le monde sait déjà.

Les médias possèdent déjà la solution à leur problème de revenus: la revente de leur contenu unique, après publication, à d’autres médias et d’autres plateformes, dans des versions originales ou traduites, une stratégie déjà couverte dans cette chronique. La deuxième étape consiste en la mise en application d’une réelle politique d’acquisition externe de contenus importants, mais en dehors du champ de la valeur ajoutée unique du média.

Généraliste, international ou très pointu, ce contenu existe, d’excellente qualité, à des prix compétitifs et sans être diffusé dans la région du média. Un article sur la guerre en Syrie ou sur l’élection américaine, tout comme une page sur la santé naturelle ou les sorties de jeux vidéos, sont d’excellents exemples d’articles qui devraient être produits uniquement par des rédactions pouvant apporter une expertise et une valeur ajoutée exclusive au contenu, puis revendu aux autres médias voulant couvrir le sujet mais sans en avoir toutes les ressources. Allouer une journée de travail à la compilation de dépêches d’agences sur un conflit au Moyen Orient ne crée pas de valeur ajoutée et démotive autant le journaliste que son lecteur, alors qu’à l’inverse, la rédaction interne a une compétence exclusive de création de contenus uniques attendus par son public cible.

Combinées, ces deux méthodes permettent d’augmenter les revenus tout en libérant une partie importante des ressources de la rédaction, pour les allouer à des projets créateurs de valeur ajoutée unique, la seule à même de renforcer le lien entre la marque média et ses clients finaux. Tout en augmentant son audience et en diversifiant ses revenus, le média remotive ses troupes et leur montre que leur investissement, leur regard et leur curiosité sont les éléments clés de la création de valeur.

Personnellement, je suis convaincu que ces méthodes permettent de sortir du cercle vicieux dans lequel les médias stagnent depuis plus de dix ans, et donc, d’engager le cercle vertueux, le seul qui permette de sortir de la crise par le haut.

Clément Charles | ToutLeContenu.com

clement@cominmag.ch

http://www.toutlecontenu.com/

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