#Etude de cas : Comment le journal La Presse a réussi sa mutation numérique

C’est dans le cadre du lancement de l’Initiative Média et Philanthropie de l’Université de Genève, que Florence Turpault-Desroches, vice-présidente communication et philanthropie du média québécois La Presse a présenté la transformation numérique réussie du principal média de Montréal.
Tout a commencé par un constat : de 2006 à 2011, le titre papier avait perdu 50 % de ses revenus publicitaires. Dans le même laps de temps, l’âge moyen des lecteurs était passé de 47 à 62 ans. « Ne rien faire, aurait signé l’arrêt de mort du titre », se rappelle celle qui a occupé de nombreux postes de journalistes au sein de différentes rubriques avant de passer de quitter la rédaction pour faire évoluer le modèle d’affaires du titre.
Un modèle qui est désormais 100% numérique et 100 % gratuit !
Transformer est toujours plus difficile que de partir de zéro, raison pour laquelle cela a pris trois ans pour amener les journalistes et les lecteurs à produire et à se fidéliser à une offre uniquement en ligne. A l’époque, les études menées ont révélé qu’au mieux quelque 70’000 lecteurs seraient prêts à payer pour consommer de l’information. « Notre mission d’être un média de masse proposant du contenu à un large public ne pouvait être remplie avec un cercle si restreint d’abonnés. » C’est ainsi qu’un modèle reposant sur trois sources de revenus a été imaginé.
Pub + aides publiques + dons
Abandonner le papier, rendre le site entièrement gratuit, développer le marketing digital afin de mieux cibler les lecteurs, tout cela n’a été possible qu’avec l’appui de l’éditeur qui a soutenu cette transition et a permis à Lapresse.ca d’acquérir le statut d’Organisme journaliste enregistré. Les résultats sont vite arrivés : la 1e année, les revenus se sont montés à 3,3 millions de dollars canadiens et en 2024, ils se chiffraient à 9 millions dont 4 millions de lecteurs ayant librement envoyés en moyenne 120 dollars par mois (CHF 73.-) et un million provenant de fondations.
Cette diversification des revenus permet la survie de cette marque de presse mais également la protège de toute ingérence sur le contenu. « L’indépendance journalistique est une valeur sacrée ». Ainsi tous les donateurs doivent signer une charte. Mais comme l’a rappelé Florence Turpault-Desroches rien n’est gagné définitivement même avec un taux de renouvellement des abonnements est de 60%. « Pour que le public continue à nous suivre, il faut lui montrer que nous sommes un vecteur moteur de changement et de soutien. Il est donc essentiel d’incarner la fonction du don. » A l’instar de la dernière campagne de publicité : « Ce n’est pas un don pour…. »