Je filme, tu streames, il regarde, nous dialoguons, vous partagez
Meerkat, Periscope : des noms de logiciels pour mobile qui sont devenus incontournables en quelques semaines seulement. Des applications pour transformer votre smartphone en newsroom mobile live, le tout connecté à votre compte Twitter. Mais dans la jungle des acteurs du direct, tout le monde n’est pas logé à la même enseigne, entre Meerkat qui se voit virer quelques fonctionnalités et Periscope qui « peut tout faire »… Retour sur la question de l’usage de ces outils pas si nouveaux que cela.
L’essor de la vidéo sur mobile est bien une réalité. Notre civilisation est en passe d’avoir créé en quelques décennies plus de contenus que toute l’histoire de l’humanité. Dans les fonctionnalités nouvelles qui sont proposées aux utilisateurs, il y a maintenant le livestreaming vidéo (ou transmission vidéo en direct). Deux acteurs importants ont marqué le coup cette année : Meerkat et Periscope, tous deux gratuits. Le premier a bénéficié d’une très grande exposition suite à l’annonce faite durant le SWSX 2015 à Austin. Un succès énorme : c’est à coup de milliers de téléchargements que l’on a pu mesurer l’engouement pour cette application, qui est également adaptée à l’iPad, ce qui n’est pas le cas de son concurrent Periscope. Mais même si des stars comme l’animateur Jimmy Fallon ou Jared Leto, Shaq ou encore Ashton Kutcher avouent leur préférence pour Meerkat, son succès et l’engouement qu’il avait provoqué sont en forte baisse vis-à-vis de Periscope, racheté par Twitter. C’est là que le bât blesse, puisque Twitter a tout simplement fermé quelques fonctionnalités à Meerkat, donnant ainsi plus de puissance à sa toute nouvelle plateforme de livestreaming.
Mais revenons sur les fonctionnalités proposées par ces deux outils. Une fois installés, ces logiciels connectés à votre compte Twitter transforment votre smartphone en caméra vidéo live sur le Web. Simples d’utilisation, ils permettent de diffuser ce que vous filmez en direct d’un simple clic, et vos abonnés sont immédiatement informés que vous êtes en live. Un simple clic de leur côté également, et les voilà qui peuvent suivre sur leur smartphone ou via un browser les images que vous produisez. Sur smartphone, ils ont la possibilité d’interagir avec vous sous la forme d’un chat qui apparaîtra sur votre écran vidéo, de quoi proposer un semblant d’interactivité. Meerkat propose aussi une fonctionnalité très pratique : vous pouvez préparer votre live en le programmant à l’avance et l’annoncer sur Twitter. Periscope, quant à lui, propose d’améliorer votre note de popularité quand vos abonnés vous donnent des cœurs en tapotant leur écran durant vos transmissions. Les deux logiciels vous permettent la sauvegarde des vidéos transmises en local dans votre téléphone, mais on ne parle pas ici de vidéo en qualité HD, bien trop lourde à transmettre. La comparaison pourrait s’arrêter là… Car la véritable question est ailleurs : quels usages privés ou professionnels peut-on imaginer ?
Le premier usage qui vient à l’esprit est bien sûr l’information. Il est clair qu’équipé d’un tel outil, vous serez bien plus rapide et plus efficace qu’un journaliste qu’il faudrait envoyer sur place : l’instantané est roi. Mais dans les mains d’un particulier, cet outil ne semble pas avoir de véritable utilité : à ce jour, les vidéos faites par des internautes lambda sont plus proches de simples essais ou de vagues réalisations proches de la promotion touristique. Il est en effet difficile pour un individu de trouver un quelconque sujet intéressant et pertinent à filmer en direct pour sa communauté. Cependant, le temps des festivals arrivant à grands pas, la question (et le cauchemar) des droits se poseront inévitablement. Pour le coup, aucun indice ne laisse penser que ces éditeurs y aient songé!
Pour ce qui est des usages professionnels, il y a par contre des pistes à explorer. Les médias semblent se pencher sur la question (on a pu voir la RTS faire quelques tests durant plusieurs jours), et Madonna et d’autres artistes plébiscitent ces plateformes pour leur autopromotion. Les marques vont peut-être se pencher aussi sur la question, mais il est difficile de prévoir ce qu’elles en feront si elles y trouvent une utilité. Comme pour la vidéo traditionnelle ou sur le Web, il n’y a aucun intérêt à en faire si vous n’avez pas de stratégie prévue à cet effet. Beaucoup parlent de ce phénomène de vidéos en direct comme d’une mode : un phénomène qui passerait donc avec le temps. D’autant que le modèle économique reste également inconnu : qui paie la bande passante ? et quid de versions payantes ? Il y a bien l’Apple Watch, qui a su donner un semblant d’intérêt à une transmission en direct sur la célèbre montre, organisée par le célèbre site Mashable. Mais avec plusieurs milliers d’internautes comme spectateurs, quel intérêt y a-t-il à transmettre en direct si aucune interaction n’est possible ?
Internet a la mémoire courte et même quand on parle de nouveauté, c’est qu’on a oublié les pionniers en la matière, existants ou disparus de l’écran radar, comme Qik qui proposait la même chose il y a plusieurs années déjà, ou la solution pro de Livestream.com (anciennement Mogulus) qui propose une solution professionnelle pour des chaînes de tv ou tout un chacun. Le tout avec de véritables solutions pro, des modèles de prix et des app desktop ou mobile, et ce en collaboration avec des CDN fiables. Parce que transmettre de la vidéo en direct se paie. Après le rachat de Periscope par Twitter, peut-être verrons-nous débarquer des services payants comme la publicité ; sinon la rentabilité d’un tel service risque d’être impossible à assurer à moyen terme.