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La DDC supprime tous ses partenariats culturels en Suisse. Les directeurs de festivals s’insurgent!

Après des coupes drastiques, la Direction du développement et de la coopération (DDC) supprime l’ensemble de ses partenariats stratégiques et soutiens à la culture en Suisse. Si cette mesure représente une part très modeste du budget total de la DDC, elle menace directement 12 institutions culturelles nationales, jusqu’à leur existence même, et constitue une perte sèche pour le public suisse, la culture et les artistes du Sud. N’ayant pas été interpellés au préalable, les partenaires culturels historiques de la DDC demandent instamment au Conseil fédéral de mettre fin à cette hémorragie et de trouver des solutions en ouvrant un dialogue constructif avec les festivals, clubs, scènes, théâtres et cinémas concernés.

A combien ce montent ces coupes budgétaires?
Concrètement, la DDC réduira en 2025, 45% de son soutien aux institutions culturelles suisses, passant de 3,7 millions à 2 millions de francs par an. En 2024, elle avait déjà supprimé ses partenariats avec artlink, le Salon du livre Genève (Salon africain), le fonds de production cinématographique Visions Sud Est et le Zürcher Theaterspektakel. Les disparitions de Visions Sud Est et du Salon africain du Salon du livre de Genève sont déjà manifestes. Les 2 millions restants sont désormais en proie aux mesures d’économies drastiques de la stratégie de coopération internationale (CI): le budget adopté en décembre par le Parlement prévoit des coupes dans le domaine de la CI de 110 millions de francs en 2025 et de 321 millions sur la période 2026-2028.

Qui sont les institutions qui seront lésées ?
Parmi les partenaires stratégiques de longue date de la DDC figurent: artlink; le festival Culturescapes; le Locarno Film Festival (Open Doors); le Festival International du Film de Fribourg (FIFF); les Internationale Kurzfilmtage Winterthur; le Salon du livre Genève (Salon africain); le Fonds culturel Sud; la maison de distribution trigon-film; le Fonds international pour la diversité culturelle de l’UNESCO; le festival Visions du Réel; le fonds de production cinématographique Visions Sud Est; et le Zürcher Theater Spektakel.

En 2028, la DDC va également fermer le Fonds culturel Sud, lequel soutient chaque année des centaines de manifestations, festivals et projets culturels à hauteur de 720’000 francs au total, apportant ainsi une contribution vitale à la diversité culturelle sur les scènes, les écrans et dans les salles de concert en Suisse.

L’art et la culture ont longtemps été considérés comme des piliers du développement durable. La promotion concrète d’artistes d’Afrique, d’Asie, d’Amérique latine et de pays d’Europe de l’Est non-membres de l’UE a ouvert l’accès au marché culturel et réseaux professionnels d’ici. Elle a renforcé les scènes culturelles locales de là-bas et leur extraordinaire diversité. La décision du Parlement et sa mise en œuvre par la DDC détruisent aujourd’hui sans préavis un maillage construit au long cours et mettent sous pression des organisations suisses aimées et renommées.

La réaction des responsables de ces institutions 
Les institutions culturelles concernées sont profondément choquées par le virage que choisit de prendre un État historiquement engagé dans une tradition humanitaire et signataire de la Convention de l’UNESCO sur la protection de la diversité culturelle. «En ces temps de polarisation croissante, la Suisse envoie un signal inquiétant de repli sur soi susceptible de nourrir la montée des populismes», expliquent-elles en commun.

«La promotion de la culture fait partie des outils essentiels de la coopération au développement et devrait à ce titre rester une composante importante de la DDC. Sa collaboration avec les partenaires culturels représente une petite contribution pour un impact considérable: grâce à des réseaux uniques dans les domaines du cinéma, de la littérature, de la musique, des arts visuels et du théâtre, les artistes bénéficient non seulement d’un soutien financier, mais aussi d’un accès facilité à la scène culturelle suisse. Ces réseaux efficaces et très performants ont été mis en place sur plusieurs décennies avec peu de moyens. Les conséquences de ces économies sont donc très lourdes, notamment pour le public suisse.»

En Suisse, il n’existe pas de dispositif de soutien comparable à l’interaction de la coopération au développement avec la création artistique. Cette décision fait donc craindre une diminution radicale de la diversité culturelle en Suisse. Elle ne sert pas non plus à l’image du pays: son engagement, grâce au rayonnement des Open Doors ou de Visions Sud Est par exemple, était d’une grande pertinence à l’échelle internationale et très apprécié dans le monde entier. Hélas, tout comme le Salon africain du Salon du livre de Genève, Visions Sud Est doit disparaître dès les premières coupes.

Qu’en penser ?
Faire des économies sur le dos de la culture est une véritable erreur car ce vecteur de soft power permet de créer des liens durables à l’international. « La Suisse n’a pas d’amis »… ce slogan avait été énoncé, voici quelques années, comme une vérité qui avait effrayé bien des Suisses.  Dans un monde en pleine reconstruction, continuer à voir l’aide au développement comme un coût est un affront que ces pays du Sud Global n’oublieront pas !

Victoria Marchand

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