Pourquoi la plateforme Netflix s’intéresse-t-elle au sport en direct ?
On a tous remarqué que la plateforme de streaming Netflix a contribué à démocratiser la Formule 1, le polo, le football féminin, le golf, le catch, et bien d’autres disciplines ! Après les séries thématiques, la société fondée par Reed Hastings passe à la vitesse supérieure en entrant dans le monde du sport en « live ».
En effet, Netflix vient de s’offrir, sur le territoire des États-Unis, les droits de diffusion des Coupes du monde de football féminin de 2027 et 2031. On ne parle pas de productions documentaires : cette fois-ci, il s’agit d’un véritable achat de droits sportifs, à l’image des chaînes de télévision traditionnelles qui couvrait cet événement jusqu’ici.
Une aubaine pour la plateforme, mais aussi pour la FIFA, dont le président, Gianni Infantino, a compris qu’avec Netflix, il obtenait un double avantage : « Outre la diffusion des tournois eux-mêmes, Netflix jouera un rôle clé en faisant découvrir la fascination du football féminin à plusieurs millions de téléspectateurs avant les deux finales, ce qui nous permettra d’accroître leur attrait. » Imaginez qu’en parallèle des matchs, les abonnés puissent suivre la vie de certaines joueuses prêtes à devenir des stars. Un bonus pour le public, qui apprécie une version féminine du football encore épargnée par les excès financiers et où les joueuses restent des figures accessibles, inspirant facilement l’identification.
Avec cet accord, Netflix réaffirme son intérêt pour le sport et la diffusion en direct, ce qui n’est pas nouveau. Cette plateforme n’a-t-elle pas déjà retransmis deux matchs de la National Football League le jour de Noël dernier ? Le 15 novembre, elle a diffusé le combat de boxe entre Jake Paul et Mike Tyson, et en janvier 2024, elle a signé un accord avec la Ligue professionnelle américaine de catch. Sans oublier la Netflix Cup du 14 novembre 2023, où des golfeurs affrontaient des pilotes de Formule 1, ainsi que la Netflix Slam, une exhibition de tennis.
Le sport : une nouvelle manne publicitaire
Rien ne vaut le direct, mais le direct, à lui seul, n’a aucune valeur. Les chaînes de télévision l’ont bien compris, elles qui se battent depuis des décennies pour conserver ces rendez-vous sportifs. Jusqu’à récemment, elles seules étaient capables d’attirer des audiences significatives. Les chaînes sportives payantes ont un temps représenté une menace, mais face à l’explosion des offres et des abonnements, le public a dû faire des choix. Résultat : les diffuseurs traditionnels ont conservé leur trésor. Cependant, la baisse des revenus télévisés et les contraintes financières pesant sur les chaînes publiques ouvrent des brèches dans lesquelles Netflix et les autres plateformes compte bien s’engouffrer.
Toutefois le monde du streaming doit lui aussi faire face à une forte concurrence et à la baisse du pouvoir d’achat. À cela s’ajoute une certaine lassitude vis-à-vis des séries, ressentie un peu partout. Pour pallier la perte d’abonnés, Netflix a introduit le « freemium », une formule moins chère mais accompagnée de publicités. Une offre qui aurait déjà séduit quelque 70 millions d’utilisateurs.
Un défi de taille pour Netflix
Cependant, pour espérer décrocher des événements comme les Jeux olympiques ou une Coupe du monde masculine, Netflix devra continuer à élargir sa base d’abonnés. Et convaincre en terme de commentaire. Via leurs journalistes sportifs, les chaînes classiques entretiennent un lien très fort avec leur public. Le monde du streaming est totalement désincarné. Les algorithmes tiennent place de relation. On comprend ce que l’IA pourra amener, en terme de réelle personnalisation, à ces plateformes.
On le comprend, dans cette course à l’attention et aux revenus, tout reste possible. A la fin, il n’y aura qu’un vainqueur mais la messe n’est pas encore dite ! Relevons toutefois que la stratégie actuelle de Netflix a au moins le mérite de donner plus de visibilité à des sports de niche !