Quand le média affichage cherche à sauver la démocratie allemande!
« Stell dir vor » est une campagne lancée par le blog anti-fake news allemand Volksverpetzer. L’objectif de cette opération de communication est de mettre l’accent sur les faits dans le discours, loin de la désinformation de l’extrême droite qui domine en ce moment les débats chez nos voisins durant cette période d’élections.
Cette campagne a été conçue en collaboration avec l’agence hambourgeoise Philipp & Keuntje, connue pour ses campagnes percutantes. Elle s’inscrit dans une tendance croissante de la lutte contre la désinformation qui cherche à dépasser les cercles militants habituels pour atteindre un public plus large. Son originalité réside dans son choix d’un média traditionnel et tangible : l’affichage, à une époque où la communication sur la désinformation se fait principalement en ligne.
Dernier mass média, les affiches sont visibles dans l’espace public, notamment dans des lieux très fréquentés comme les gares, les métros ou les rues commerçantes, de quoi capter l’attention de personnes qui ne vont pas spontanément s’informer sur les fake news. Contrairement aux réseaux sociaux, où les algorithmes décident ce que l’on va pouvoir ou non voir, l’affichage s’impose visuellement et interpelle tout un chacun, sans aucune segmentation.
Reste à voir si cette campagne parviendra réellement à toucher des personnes en dehors des cercles habituels du blog et à générer une prise de conscience efficace face à la désinformation. L’impact de ce type d’initiatives est souvent difficile à mesurer, mais elles ont le mérite d’explorer de nouvelles stratégies dans un contexte où les fake news se propagent largement, notamment sur les réseaux sociaux.
Le procédé en trois temps de cette campagne
L’affiche présente un contraste fort entre deux affirmations. Par exemple dans le visuel ci-dessus, on peut lire « Stell dir vor, du rettest die Rente. » (Imagine que tu sauves la retraite). Un sujet qui est un enjeu majeur en Allemagne, comme dans de nombreux pays européens, où le financement du système devient de plus en plus compliqué en raison du vieillissement démographique. « Und alle hassen dich. » (Et tout le monde te déteste.) Ce retournement brutal crée un effet de choc. Il semble souligner le paradoxe des débats publics actuels : même lorsqu’une décision est prise dans l’intérêt général, elle peut être mal perçue, critiquée ou exploitée à des fins politiques.
Le choix des mots est crucial : Rettst (sauver) sous-entend une situation critique, où le système des retraites serait en danger et Alle hassen dich exagère volontairement la réaction publique, suggérant une polarisation extrême où toute réforme, même nécessaire, est rejetée par principe. C’est dans cette tension entre un élément factuel et une réaction émotionnelle que les publicitaires cherchent à susciter une dissonance qui amènera le passant à réfléchir. Pourquoi doit-il subir les réactions négatives à un propos sensé ? La réponse se trouve dans le QR code en bas de l’affiche permet aux curieux de se renseigner davantage, ce qui favorise une interaction au-delà du simple message visuel.
