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#Interview de Michel Wanner, CEO de Watson : « Nous proposons un média pour le futur… »

La récente annonce du groupe AZ Media souhaitant lancer début 2021 la version francophone du site Watson.ch n’a laissé aucun éditeur indifférent. Que pouvait bien signifier une telle information en pleine crise du Coronavirus alors que les éditeurs s’inquiètent de la baisse drastique des investissements publicitaires et que l’association faitière de cette branche est en pleine discussion avec le Conseil fédéral en vue d’obtenir une aide directe à la presse ? Pour avoir une réponse à ces question et mieux connaître le portail de news Watson, Cominmag a donné la parole à Michael Wanner,  CEO de Watson et membre des boards de AZ Medien et de CH Media. 

Le moment d’une annonce est souvent aussi important que son contenu. Pourquoi avoir choisi le temps du confinement pour dévoiler un projet qui ne verra pas le jour avant 9 à 10 mois ?
Un tel projet demande beaucoup de préparation. Nous avons commencé bien avant la crise avec l’objectif de lancer watson Romandie début 2021. Nous nous déployons pour la première fois en Suisse romande. Il s’agit d’une nouvelle étape pour notre groupe. Nous voulions pouvoir annoncer une bonne nouvelle, d’autant plus que Sandra Jean, la future responsable en Suisse romande, est entrée en fonction et qu’elle commence à travailler sur ce projet. Bien sûr, nous ne nions pas l’importance de cette crise mais nous ne souhaitions pas reporter notre projet.

Pourtant dans votre branche d’aucuns pourraient vous taxer d’utiliser cette annonce pour vous placer dans la cour des éditeurs nationaux et ainsi avoir plus de poids face aux autorités. Cela a-t-il compté ?
Aucunement. Il n’y aura aucune corrélation entre l’assise territoriale et le montant des aides que pourraient octroyer le Conseil fédéral.

Comprenez-vous que vos concurrents en Suisse romande ne vous attendent pas avec le sourire. Un nouveau site gratuit face à des titres régionaux qui ont tous installé des paywalls, cela signifie moins de revenus pour tous.
Notre décision n’a rien à voir avec la concurrence, mais avec les besoins du marché annonceur. Les marques suisses sont dans l’attente de plus d’inventaire publicitaire digital et national. L’opportunité fait le marché ! De plus, nous sommes persuadés qu’il y a une attente de la part des Romandes pour une nouvelle offre médiatique.

Avez-vous calculé ce que cette expansion pourrait vous rapporter en termes de revenus publicitaires ?
Oui, bien sûr! Nous constatons qu’il y a une forte demande des annonceurs et des agences pour avoir une nouvelle offre au niveau national. Cette demande est également à l’origine de notre décision. De plus, le marché de la publicité en ligne se porte très bien. Avec Watson, nous sommes en forte croissance. Ce n’est pas la première fois que nous sortons de notre zone d’influence. Voici deux ans, nous avons lancé la version Watson.de. avec un système de modèle de licence. Aujourd’hui, nous sommes dans le Top- 20 des sites de news allemand. Si nous avons réussi là-bas, j’ai bon espoir qu’il en ira de même en Suisse romande.

Le modèle de la presse en ligne gratuite dépendant de la publicité est-il viable à long terme ? L’impact des réseaux sociaux et des moteurs de recherches qui détournent en Suisse déjà 2 milliards de revenus publicitaires ne va-t-il pas continuer et rendre finalement votre modèle invivable ?
On est très loin de ce scénario, ce que l’on constate pour l’instant c’est une très forte croissance du marché publicitaire digital notamment sur le support mobile. Et il est vrai que cela profite d’autant plus à des acteurs comme Facebook et Google qui ne sont pas taxés pour ces revenus. Partout dans le monde, cette question interpelle les élus qui cherchent à taxer ces GAFAs. Mais au-delà de cet aspect politico-légal, on constate que tout l’écosystème digital est à la recherche de sites proposant du contenu de qualité ?

Ce qui nous ramène à votre portail. Les derniers chiffres d’audiences créditent à Watson 3,6 millions de Uniques Users et 27,3 millions de visites : quel est le profil de vos utilisateurs ?
Notre ambition était de toucher la génération Média Sociaux qui ne lit pas les journaux. De ce fait, nous visons principalement les 20-40 ans, mais nos données nous indiquent qu’en six ans d’existence notre plateforme touche désormais des tranches d’âges plus larges.

Au moment du lancement de Watson, une des objectifs était de viser principalement un public plus féminin. Le design de votre site et de votre application en témoignent. Vos statistiques confirment-elles une différence entre le sexe de vos utilisateurs ?
Pour un portail d’information, nous constatons que nous touchons une forte audience féminine, selon les chiffres de NET Metrix Profile nous atteignons presque la parité.

Pour ceux qui ne connaissent pas votre portail comment le définissez-vous ?
watson est un portail d’actualités, de débats et de thèmes de divertissement. En tant que pure player nous présentons l’information de manière plus visuelle et plus personnelle que les sites de presse écrite. Bien que gratuit, nous ne suivons pas les codes de la presse tabloïds. En résumé, la force de Watson est d’avoir adapté le journalisme de qualité aux outils digitaux, watson ne ressemble à aucune offre médiatique existante de par son ton et son look.

Vous annoncez vouloir engager 20 journalistes pour la version romande. Un effet d’annonce ? Pourquoi ne pas traduire tout ou partie de site en français comme le font d’autres portails ?
Nous voulons proposer du contenu pour les Romands fait par des Romands et pour cela, il faut une rédaction locale. Le nombre de 20 journalistes nous semble le juste nécessaire. Je ne crois pas dans la solution de la traduction. Aucun algorithme n’est capable à ce jour de traduire le ton et la spécificité d’une région.  Ce qui ne veut pas dire qu’il n’y aura pas de traductions, mais dans un moindre volume. Au final, la solution doit passer par une rédaction dédiée et des partenariats avec des sites français.

Vous avez évoqué la recherche d’investisseurs, doit-on comprendre que vous ne partirez pas en solo ?
On peut démarrer seul, mais pouvoir compter sur un partenaire serait un plus économique et renforcerait notre ancrage local.

Mais pourquoi un investisseur romand voudrait soutenir le démarrage d’un portail de news suisse alémanique ? Il y a plein de projets romands qui cherchent du financement ?
Pour soutenir la diversité du paysage médiatique en Suisse romande et parce que nous proposons un média pour le futur….

Victoria Marchand

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