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Cleantech (suite) : interview d’Edith Page

En Suisse romande, peu nombreuses sont les agences à travailler pour les cleantech. À Versoix se trouve cependant In-Fuseon qui a été créée par Edith Page en janvier 2010.

Quel sens a le nom de votre agence?
-Ce terme vient du verbe « infuser ». De fait, je m’emploie à « imprégner » le monde des cleantech d’une sensibilité nouvelle par rapport à la promotion de leurs produits et services. Mon parcours professionnel m’a inspiré cette idée. J’ai toujours évolué dans le secteur de la communication. Toutefois, depuis plus de 10 ans, je travaille aussi dans le domaine de l’énergie et de l’efficience énergétique (d’abord aux SIG et désormais chez Romande Energie).

Comment a été accueillie votre initiative?
-En 2010, les jeunes fondateurs d’Ecowizz ont par exemple immédiatement compris l’apport à la fois stratégique et créatif que je leur offrais. De nombreuses autres entreprises n’ont pas perçu l’importance de la communication et ils l’ont remise à plus tard.

La communication en mode cleantech s’est-elle démocratisée depuis?
-Je peux dire que j’ai été pionnière dans ce domaine, tout au moins en Suisse romande. Être visionnaire c’est bien, mais il faut arriver au bon moment. À l’heure actuelle, il n’y a d’ailleurs presque pas d’agence active exclusivement sur ce segment.

Comment expliquez-vous la timidité de cet engagement?
-Les cleantech sont composées de nombreuses filières spécialisées. Il n’est pas facile d’appréhender cet univers. On y trouve à la fois des start-ups qui n’emploient qu’une ou deux personnes, des PME, et des géants, comme les producteurs d’énergie, qui, eux, comptent des centaines de collaborateurs. J’ai la chance d’avoir des contacts avec bon nombre de ces entrepreneurs. Je ne perds pas espoir de tous les aider à valoriser leurs activités un jour!

Quelles difficultés particulières rencontrez-vous dans votre pratique?
-Les structures plus petites n’ont pas les budgets pour communiquer, même si elles ont la volonté de le faire. Elles concentrent en général leurs moyens financiers sur la recherche et le développement. Je note également une vraie incompréhension des rouages de notre profession. Il ne suffit pas d’ouvrir une page Facebook pour « faire de la communication ». La communication n’est pas non plus synonyme uniquement de publicité.

Le fait que ces technologies soient très pointues pose-t-il problème?
-Oui. Je me vois comme une traductrice qui doit rendre simple d’accès pour le grand public des technologies complexes. Les entreprises de ce secteur visent souvent le B2B. Elles ne voient pas que la communication peut aussi déboucher sur du B2C.

L’utilité du recours aux outils du Web 2.0 leur échappe-t-elle?
-J’ai réalisé récemment une enquête sur l’Internet de l’énergie. J’ai passé en revue les pratiques de 22 entreprises cleantech dans le domaine de l’efficacité énergétique. Si toutes possédaient un site web, seuls 68% d’entre elles étaient présentes sur les réseaux sociaux (LinkedIn étant le plus plébiscité). 20% seulement de ces sociétés publiaient de façon régulière sur ces canaux. Il faut leur montrer l’effet de levier que ces instruments procurent. Les entrepreneurs ne doivent plus se contenter de petits porte-voix. Il leur faut changer d’état d’esprit et rendre leurs relations clients plus interactives.

De quelle manière?
-J’ai cofondé une autre structure qui s’appelle Net-Academy, où nous proposons des formations en communication digitale et en médias sociaux. Je prévois de mettre sur pied début 2014 un module de formation dédié aux entrepreneurs des cleantech. Je suggère aussi aux institutions et incubateurs cleantech de lancer une formule de speed dating où ces entreprises pourront venir à la rencontre des agences de communication.

 

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