C’est devant plus de 250 personnes que s’est tenue le 6 mai dernier, dans le cadre du Salon SIAMS, la conférence « Horlogerie 2.0 : quelles opportunités d’alliance entre l’horlogerie et l’informatique ? ». A cette occasion, des intervenants de l’industrie horlogère et du monde de l’innovation ont pu échanger leurs visions d’avenir.
Malgré l’excellente santé actuelle du secteur horloger suisse, l’arrivée sur le marché mondial des smartwatches lancées par Pebble, Samsung et bientôt Apple soulève de nombreuses questions. Comment ces montres connectées influenceront-elles les attentes des consommateurs de demain? Quel impact auront-elles sur notre industrie horlogère? Quelles opportunités pour nos entreprises?
Cette soirée a débuté par le message de bienvenue de M. Patrick Linder, directeur de la Chambre d’économie publique du Jura bernois. M. Yannick Guerdat a ensuite introduit au nom d’Alp ICT la thématique « smartwatch », dont la définition devrait s’inspirer de l’expertise horlogère suisse et de son exceptionnelle capacité d’innovation, toutes deux sources d’opportunités.
Le poignet, un emplacement stratégique
Premier intervenant de la soirée, Xavier Comtesse du Swiss Creative Center a expliqué pourquoi il ne croit pas à la montre 2.0 « qui ne fabrique pas l’heure », contrairement aux montres mécaniques. Il a toutefois relevé l’importance stratégique du poignet dans le développement de solutions dans le domaine de la santé, un emplacement aujourd’hui convoité par des entreprises comme Google ou Apple.
Pour la deuxième intervention de la soirée, le CEO de Tissot SA, M. François Thiébaud, a parlé de la gamme Tissot Touch lancée il y a 15 ans. Bardée de capteurs, cette montre avait marqué les esprits par son contenu technologique. Précurseur dans le domaine des smartwatches, Tissot a lancé la « High T » en 2005, une montre qui permettait de recevoir des infos lorsqu’elle était connectée. Arrivée sans doute trop tôt, ce modèle n’a pas connu le succès escompté. Si l’innovation joue un rôle majeur à ses yeux, le CEO de Tissot a souligné l’importance de la dimension émotionnelle qui rend chaque montre unique.
Smartwatch suisse: Trois approches innovantes
Première smartwatch suisse, la Crossbow présentée par Arny Kapshitzer intègre une partie mécanique automatique et les fonctions connectées les plus avancées (wifi, accès mail, interface tactile, caméra 48 Megapixels). La montre développée par Hyetis s’adresse à une nouvelle génération de consommateurs en valorisant un positionnement « Swiss Made » synonyme de très haute qualité et de savoir-faire unique.
De son côté, le CEO of Majamba, M. Rajiv Srivastava, nourrit de grandes ambitions pour sa future smartwatch qui bénéficiera du dynamisme de la communauté online que sa société a développé en proposant à ses membres, grâce à sa collaboration avec Universal Music, de vivre des expériences musicales inédites via un système de points.. Pour le fondateur de Majamba, il est essentiel de proposer une montre connectée susceptible de plaire aux jeunes consommateurs qui arrivent sur le marché.
Plus traditionnelle en apparence, l’approche de Limmex AG décrite par Martin Reber n’est pas moins innovante. L’entreprise intègre dans une montre au design classique une technologie GSM permettant de passer un appel d’urgence à un numéro prédéfini en pressant un bouton. Discrète et simple d’utilisation, cette montre est très appréciée dans certains métiers à risque.
Au terme de cette soirée-débat très riche, il apparait évident que la Suisse a les moyens de jouer un rôle majeur dans l’horlogerie de l’avenir, grâce à sa capacité d’innovation, son savoir-faire technologique et la qualité de ses entreprises. Son industrie devra toutefois être particulièrement attentive à l’évolution des attentes des nouveaux consommateurs face à l’émergence de l’Internet des objets et du Quantified Self.