PIB romand: la région parmi les plus prospères d’Europe
La Suisse romande s’est hissée en 2015 dans le top 10 des régions européennes les plus prospères en termes de création de valeur par habitant. Avec un gain de quatre places, du 12e au 8e rang, elle n’est devancée que par l’Inner London-West (City de Londres), le Luxembourg et… cinq autres régions suisses (Zurich, Tessin, Suisse du nord-ouest, Suisse centrale et Berne-Soleure). Elle se classait en outre déjà depuis 2009 parmi les quinze régions les plus riches d’Europe, comme le montre une analyse accompagnant les dernières prévisions de croissance du PIB romand publiées ce jour par les six banques cantonales romandes, en collaboration avec l’Institut CREA et le Forum des 100 du Temps.
A l’occasion de la publication de la 10e étude sur le produit intérieur brut (PIB) romand, les banques cantonales romandes ont réédité une comparaison avec les PIB des 300 régions européennes publiés par Eurostat, qui accompagnait la 1e étude sur le PIB romand en 2008. Cette fois, les autres régions suisses ont également été prises en compte et leurs PIB ont été calculés sur la base des PIB cantonaux de l’Institut CREA.
Selon ces données, deux des quatre places gagnées en 2015 reviennent à la performance économique romande et les deux autres aux effets conjoints de la conversion, pour la comparaison, des PIB des régions suisses en euros et de la hausse du cours du franc après l’abandon du cours plancher de l’euro. La comparaison montre aussi que la Suisse romande fait jeu égal avec des territoires bénéficiant d’un effet «capitale», c’est-à-dire profitant d’une concentration d’activités liée au statut de première ville d’un pays ainsi que de l’apport économique de nombreux pendulaires. Cela concerne les régions d’Amsterdam, de Bruxelles, de Copenhague, d’Helsinki, de Londres, de Luxembourg, de Paris, de Stockholm ou de Vienne.
Cependant, là où la Suisse romande se distingue le plus, c’est lorsque l’on considère ensemble croissance et création de valeur. Bien classée selon cette dernière, la région affiche aussi une hausse de son PIB plus rapide que celle des territoires industrialisés du continent et presque aussi dynamique que celle des régions émergentes d’Europe de l’Est. Si l’on combine les classements selon la croissance (entre 2000 et 2015) et la prospérité, la Suisse romande se hisse sur le podium (3e).
Les mêmes comparaisons peuvent être effectuées en gommant les effets du niveau des prix et des variations de cours de change. Le classement de la Suisse romande calculé à parité de pouvoir d’achat est un peu en retrait par rapport à celui en euros. Selon cette mesure, la région se place cependant toujours dans les 10% de régions européennes les plus prospères: en 25e position en 2015 en termes de PIB par habitant et à la 12e place selon le classement combinant croissance et prospérité.
Plus d’habitants – Moins de PIB par habitant
Enfin, la comparaison avec les régions de la Confédération confirme les conclusions des précédentes éditions du PIB romand, mais permet aussi de les affiner. Ainsi, la Suisse romande a bénéficié d’un effet de rattrapage depuis le début du millénaire, avec une croissance en termes réels de 33,7% entre 2000 et 2015 (horizon considéré dans cette analyse), contre 29,5% pour l’ensemble du pays. Cependant, une autre région se distingue: la Suisse centrale, avec une hausse de son PIB de 43,0%.
Toutefois, l’écart avec la moyenne suisse en matière de PIB par habitant ne s’est pas comblé, en raison principalement de la croissance démographique plus dynamique en Suisse romande (+20,8% sur la période considérée) qu’en moyenne nationale (+15,3%). Si sa population avait crû au même rythme que celle de la Suisse, la Suisse romande afficherait un PIB romand par habitant plus élevé de 5,7 points de pourcentage. Il n’en reste pas moins que sa part dans le PIB suisse a augmenté. Ainsi, avec un PIB nominal de 155,4 milliards de francs en 2016, la Suisse romande représente un quart (23,9%) de l’économie helvétique, contre 23,1% en 2000.
Un indicateur économique essentiel
Le PIB est la mesure de la performance économique d’un pays ou d’un territoire la plus utilisée. Cet indicateur essentiel permet d’analyser l’évolution dans le temps et d’effectuer des comparaisons entre régions. Il fait aussi l’objet de prévisions permettant aux responsables de l’économie privée et aux décideurs politiques de mieux préparer leurs décisions et piloter leurs projets.
La Confédération diffuse des données sur le PIB suisse, ainsi que des estimations des PIB cantonaux couvrant les années 2008 à 2014. Et ce, alors que les banques cantonales romandes publient depuis 2008, en collaboration avec le Forum des 100, un PIB romand, comportant des données historiques et des prévisions pour l’année en cours et la suivante. Les calculs sont effectués par l’Institut CREA d’économie appliquée de la Faculté des HEC de l’Université de Lausanne, selon une méthode transparente. Les résultats seront aussi présentés lors du 12e Forum des 100, le 11 mai 2017 à Lausanne.
La reprise continue
Une poursuite de la reprise est attendue en Suisse romande. Les dernières prévisions de l’Institut CREA tablent sur une croissance du PIB romand de 1,5% en 2017 et de 1,9% en 2018. L’économie romande a commencé à se remettre en 2016 déjà des effets de l’abandon du cours plancher de l’euro par rapport au franc, avec une remontée de sa croissance de 0,8% en 2015 à 1,2%. Ainsi, la région croît à un rythme similaire à celui du pays dans son ensemble. La Suisse romande a bénéficié de sa diversification, de son orientation vers des activités à haute valeur ajoutée et d’un marché intérieur solide. Elle a aussi été aidée par un franc qui s’est un peu déprécié par rapport à ses sommets de 2015. Quant à la croissance mondiale, elle est restée peu dynamique, mais n’a pas déraillé malgré diverses surprises sur le plan politique. Pour 2017 et 2018, l’économie romande devrait notamment bénéficier d’une amélioration de l’environnement mondial, grâce à la poursuite de la reprise dans la zone euro, à une économie américaine relativement solide et à un rétablissement des pays émergents. Une certaine prudence reste toutefois de mise, de multiples incertitudes et facteurs de risques étant toujours présents.