Edito

La fin d’une ère

À la mi-août, peu de doute subsiste : au moment de la parution de ce numéro, l’ancien colosse publicitaire PubliGroupe aura été vendu à Swisscom. D’ici fin 2014, ce poids lourd de la publicité basé à Lausanne devrait probablement être dissout. À la rédaction, nous avons donc décidé, un peu tôt peut-être !, de lui consacrer un article d’adieu.

Le démantèlement de PubliGroupe signe également la fin des 12 années de règne de Hans-Peter Rohner, à la tête de l’entreprise depuis 2002. Le rôle dont il a hérité peu après l’éclatement de la bulle Internet était loin d’être enviable : absorber une perte de CHF 185 millions suite à un « développement tous azimuts et trop rapide du commerce en ligne » lancé par son prédécesseur.

Membre de la direction générale depuis 1994, Hans-Peter Rohner a toutefois sa part de responsabilité dans les erreurs d’investissement. En tant que PDG, il n’est sans doute pas parvenu à redresser la barre suffisamment rapidement. S’ensuivirent quatre autres années dans le rouge (jusqu’en 2013) avec un chiffre d’affaires brut divisé par deux jusqu’en 2011. PubliGroupe a souvent réussi à dégager des bénéfices, mais uniquement grâce à la vente de biens immobiliers et d’actions.

Parmi les décisions les plus innovantes prises par Hans-Peter Rohner, se dégagent sans conteste le lancement du service d’annuaire local.ch (en 2005 avec Swisscom) ainsi que sa prise de participation au capital du prestataire de services marketing Zanox (en 2007 avec Axel Spinger). Dans d’autres domaines, ses choix furent moins heureux, notamment en ce qui concerne ses collaborateurs : il suffit de se rappeler des passages peu convaincants dans l’entreprise de Christian Gartmann, Thomas Bargetzi et Beat Roeschlin.

En 2004, l’entreprise Publicitas décida de reprendre le groupe NZZ en location‑gérance, provoquant une dispute ouverte avec Tamedia. Ce dernier, se sentant exclu de la place de Zürich, inaugura « les remises sur les réservations directes » pour les agences média, afin de contourner Publicitas dans le domaine des insertions publicitaires. D’autres maisons d’édition à régie intégrée en firent de même. Lorsqu’en 2009 Hans-Peter Rohner tenta d’imposer un nouveau modèle tarifaire dans le secteur du courtage d’annonces, les éditeurs ont commencé à créer leur propre régie intégrée les uns après les autres. Dès lors, Publicitas a vu son chiffre d’affaires s’effondrer.

Même la stratégie multimédia annoncée en 2007 a lamentablement échoué, et sa refonte par Publicitas (rachetée entre‑temps) n’a pas encore vu le jour. Par ailleurs, Hans-Peter Rohner a suscité une incompréhension généralisée en 2010 lorsqu’il s’est porté candidat au poste de directeur général de la SRG, alors qu’il était à l’époque directeur général et président du conseil d’administration de PubliGroupe : un capitaine qui s’apprête à abandonner le navire pendant la tempête perd toute sa crédibilité. Néanmoins, le dirigeant de 61 ans est resté maître à bord de l’entreprise jusqu’à la fin.

Rebondira-t-il au sein d’un conseil d’administration ? Difficile à imaginer. Toutefois, en tant que membre de la Commission des médias désigné par le Conseil fédéral, il aura toujours son mot à dire sur le plan politique.

 

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