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Daniel Pillard : « La croissance se trouve du côté des internautes »

La séance annuelle de présentation des nouveaux programmes des chaînes (TF1, TMC, NT1, BeCurious), dont Ringier TV assure la commercialisation des fenêtres suisses, avait une saveur toute particulière cette année. En effet, elle est survenue quelques jours après l’annonce de la commercialisation commune des inventaires publicitaires de Ringier, SSR et Swisscom. L’occasion de rencontrer et interviewer Daniel Pillard, directeur de Ringier Romandie.

Avec l’intégration de titres de Ringier dans une Joint Venture commune avec Axel Springer Suisse, et la création d’une nouvelle structure de commercialisation, le groupe Ringier vit une profonde mutation. Quelle sera la place de Ringier Romandie dans cette nouvelle configuration ?
Nous allons dépendre de la nouvelle société Ringier Axel Springer Medien Schweiz AG regroupant tous les titres de Ringier et d’Axel Springer Suisse, mis à part le groupe Blick. Marc Walder reste le CEO de Ringier SA et la Joint Venture aura son propre directeur, qui n’a pas encore été nommé.

Ce regroupement de titres ouvre une nouvelle étape pour Ringier. La chance de développer enfin un pôle économique.
En effet, les titres d’Axel Springer Suisse (Bilanz, PME Magazine, Handelszeitung, Schweizerbank, Schweizerversicherung) vont nous permettre de renforcer notre portefeuille business en lui donnant une envergure nationale. Notre Factory de Lausanne, qui produit actuellement les pages romandes de Bolero et les suppléments lifestyle du Temps et de L’Hebdo, sera appelée à produire également les suppléments économiques que nous reprendrons du portefeuille d’Axel Springer Suisse.

Allez-vous intégrer PME Magazine à la newsroom du Temps et de L’Hebdo ?
Rien n’est encore défini, mais c’est probable. La newsroom est un laboratoire intéressant qui nous aide à repenser le métier de journaliste. Travailler pour une thématique et non seulement pour un titre ouvre également les portes du journalisme de contenu, une piste que nous avons envie d’explorer.

Votre groupe n’est pas à une surprise près ces derniers temps : la disparition du titre Edelweiss n’était pas annoncée. Que s’est-il passé ?
Nous avons dû faire face à la réalité du marché du luxe, qui souffre et migre vers la télévision et le web. Nous n’avons constaté qu’il n’y avait plus de place pour deux titres féminins régionaux en Suisse. Raison pour laquelle nous avons décidé de ne garder qu’une marque, de la positionner plus haut de gamme et de jouer la carte nationale pour la distribution. Cela ne signifie pas toutefois que nous ayons éliminé toute particularité romande. Le nouveau Bolero s’adresse bien à toutes les Suissesses.

La nouvelle maquette du Temps a été lancée le 1er octobre. Vous n’avez plus qu’un seul cahier imprimé entièrement en quadrichromie. Votre site a également changé, vous faisant passer d’une présentation verticale à une présentation horizontale entièrement responsive. Quel est désormais votre premier public : le lecteur ou l’internaute ?
Ce sont deux lectorats complémentaires, mais le principal potentiel de croissance se trouve du côté des internautes. Le défi pour la rédaction a été d’apprendre à écrire pour le web. C’est pourquoi nous avons constitué une équipe de journalistes, développeurs, concepteurs multimédia et data journalistes qui sont en train de former la rédaction. L’enjeu est de taille, car nous misons beaucoup sur ce développement digital. À nous d’accompagner le public tout au long de la journée et de comprendre les rythmes du web et des réseaux sociaux.
La bonne surprise a été de constater que les journalistes de L’Hebdo et du Temps avaient envie de travailler ensemble.

Peut-on imaginer qu’à moyen terme L’Hebdo devienne le supplément de fin de semaine du Temps ?
Cette solution pourrait être envisagée, mais seulement si nous n’arrivons pas à développer ces deux titres de manière viable. L’émulation vient aussi de la confrontation, nous n’avons pas de dogme arrêté. Toutefois, je reste convaincu qu’il y a de la place en Suisse romande pour un quotidien de qualité et un magazine proposant plus d’enquêtes et au ton plus acéré.

Comme la page de couverture de L’Hebdo sur les Français qui résident en Suisse ?
Absolument et si cette couverture a choqué, l’article a été très bien reçu. L’Hebdo doit trouver un positionnement plus affirmé dans l’offre romande.

La dernière MACH BASIC 2015-2 montre une situation relativement stable (dans l’intervalle de confiance) pour les titres de Ringier Romandie : L’Hebdo (+6000 lecteurs), Le Temps (+1’000), L’Illustré (-20’000). Total Audience révèle également une légère progression pour les sites du Temps et de L’Hebdo. Quelle lecture faites-vous de ces résultats ?
Oui, en effet, nous sommes satisfaits de cette relative stabilité dans un marché en forte décroissance. En particulier, nous sommes fiers d’avoir pu stabiliser les abonnements et les ventes au kiosque du Temps après plusieurs années d’érosion marquée.

Le dernier chantier ouvert est celui de la commercialisation. La mise en commun de l’inventaire publicitaire de Ringier avec celui de la SSR, liée aux compétences technologiques de Swisscom, va permettre la création d’une plateforme programmatique. Quelle est votre position sur ce projet ?
Cet accord est une chance pour Ringier qui, par le biais de cette méga-régie, pourra encore mieux valoriser son offre crossmedia. Côté organisation, mis à par la création de la plateforme, cela changera peu de chose pour Ringier Romandie dont la régie a déjà été centralisée à Zurich en 2012 – où elle est dirigée par Thomas Passen, l’un des futurs hommes forts de cette méga-régie.

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