Étude : Supprimer SRF News ne renforcerait pas les médias privés, bien au contraire!

Une étude récente de l’Université de Fribourg, dirigée par les professeurs Manuel Puppis et Sina Blassnig, remet en question l’idée selon laquelle l’offre en ligne de la SSR freinerait le développement des médias privés. Les résultats indiquent que la suppression de SRF News n’inciterait qu’une minorité d’utilisateurs à souscrire à des abonnements numériques payants, et pourrait même entraîner une baisse de la consommation globale d’informations.
Selon l’étude, seuls 2,9 % des utilisateurs envisageraient de souscrire un nouvel abonnement payant si SRF News disparaissait. Bien que 9,4 % des personnes interrogées se disent prêtes à payer pour des informations en ligne, la majorité d’entre elles sont déjà abonnées à des services payants. Ces chiffres, obtenus via une enquête représentative et une analyse conjointe de type « choice-based », suggèrent que l’offre gratuite de SRF News ne constitue pas un obstacle majeur à la monétisation des contenus privés en ligne.
Un lien positif entre SRF News et la propension à payer
L’étude révèle également que les utilisateurs réguliers de SRF News sont plus enclins à payer pour des offres privées et affichent une mentalité moins tournée vers la gratuité. Ce lien persiste même en tenant compte de variables telles que l’âge, le revenu, l’intérêt pour les nouvelles ou la confiance dans les médias. « Un service public fort n’est pas une menace mais un levier pour l’ensemble de l’écosystème médiatique », souligne Manuel Puppis.
Des effets minimes même en cas de suppression
La simulation économique montre que même en retirant totalement SRF News du marché, la hausse du nombre d’abonnés aux offres numériques des journaux serait marginale : une augmentation de moins de 1 % du taux de souscription, et ce avec un prix artificiellement bas de 8 CHF par mois. À prix réel, l’effet serait encore plus réduit.
La disparition de SRF News pourrait entraîner une baisse de la consommation d’informations, les utilisateurs se tournant vers des alternatives gratuites, souvent de moindre qualité. Des études internationales montrent que les pays disposant de médias publics solides présentent un meilleur niveau de connaissance politique et une meilleure santé démocratique.
Pas un problème de concurrence, mais de modèle économique
Le chercheur rappelle que la crise des médias ne vient pas de SRF News, mais d’une faible propension à payer pour l’information et d’une évasion publicitaire vers les plateformes globales. Il plaide pour une politique de soutien convergente, ajoutant une troisième source de financement pour les médias privés, en plus des abonnements et de la publicité.
Enfin, l’étude montre que 38 % des non-payants actuels affirment qu’ils ne paieraient jamais. Pour les autres, des tarifs plus abordables, moins de publicité ou des contenus plus pertinents pourraient les inciter à payer.
Données clés de l’étude
Méthodologie: Enquête représentative auprès de 1 004 personnes en Suisse alémanique, combinée à une analyse conjointe de type « choice-based ».
Résultats principaux :
- 2,9 % des utilisateurs envisageraient un nouvel abonnement payant si SRF News disparaissait.
- Utilisateurs réguliers de SRF News plus enclins à payer pour des offres privées.
- Suppression de SRF News entraînerait une baisse de la consommation d’informations.
- SRF News ne freine donc pas la monétisation des médias privés et joue un rôle positif dans l’écosystème médiatique suisse.