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Faut-il avoir peur de l’AMP ?

AMP : voici 3 lettres, apparues début 2016 et qui ne sont pas passées inaperçues. Cet acronyme, symbolisé par un éclair, signifie Accelerated Mobile Pages. De quoi s’agit-il exactement ?

Il s’agit d’une amélioration, issue d’un projet Open Source, utilisée par Google pour le bien de tous les internautes. Son but est d’afficher des pages Internet sur le smartphone à la vitesse de l’éclair. L’idée, bien plus complexe que cela, est née d’une observation évidente : nous lançons nos requêtes sur les moteurs de recherche de plus en plus depuis nos smartphones ou tablettes et de moins en moins depuis le PC de bureau ou l’ordinateur portable. Autre constat très intéressant : l’utilisateur est encore plus volatile avec son smartphone. Il y a donc un besoin d’immédiateté correspondant à son utilisation permanente de l’appareil mobile. Certes, la 4G se déploie rapidement mais elle ne profite réellement qu’aux grandes villes ou dans les pays les plus développés d’un point de vue technologique, ce qui est loin de toucher toute l’audience de Google.
Le projet AMP permet donc de répondre à l’utilisation de l’Internet d’aujourd’hui, en accélérant l’affichage du web par le biais d’une mise en cache des pages par Google. Avec une utilisation généralement comprise entre 2 à 3h par jour pour le surf sur internet, Google se fait aussi un cadeau avec AMP. Efficacité, augmentation du nombre de pages vues, bénéfices publicitaires : c’est une aubaine pour ce moteur de recherche. Il a d’ailleurs mis au point un partenariat avec de nombreux organes de presse pour améliorer leur visibilité sur Google News. Un partenariat qui évite aussi que les réseaux sociaux servent de base d’informations pour le grand public au détriment des vrais sites journalistiques.

Plus vite, certes, mais pour un trafic détourné
Mais l’AMP n’est pas qu’une évolution allant uniquement dans le sens du mobinaute hyper-connecté et insatiable d’articles tout au long de la journée. Google se sert également de cette technologie pour son propre service. En effet, vous aurez certainement remarqué que les résultats de recherche laissent apparaître aujourd’hui un bloc en haut de page avec des résultats AMP. L’internaute s’en réjouit, il clique sur la page qui l’attire le plus et l’article apparaît pour ainsi dire instantanément – sauf que l’on ne se rend pas sur la page du site qui fournit le contenu. En réalité, Google met en cache toutes les pages AMP et fait apparaître le cache de la page lorsqu’un visiteur clique sur ce lien. En somme, vous ne vous retrouvez pas sur le site web lui-même mais sur une copie mise en mémoire par Google. Toutefois, toutes les recettes publicitaires nées de la présence de l’internaute restent créditées au site d’origine, seul le calcul du trafic change. Le procédé peut porter à débat, on le verra plus bas, en particulier pour les sites informatifs.

Toutefois, le bénéfice est réel en ce qui concerne la plupart des sites Internet. En effet, ces pages ont besoin d’une visibilité immédiate après avoir cliqué sur un lien. Sans cela, il lui faut généralement au moins trois secondes pour les faire apparaître, avec le risque que l’internaute ne change de requête ou de page. Être AMP signifie donc sur le long terme une meilleure visibilité, ou pour le moins un avantage face à la concurrence. L’AMP fait partie de la stratégie Mobile Friendly Google, qui veut qu’un site compatible mobile soit mieux situé dans les résultats de recherche qu’un autre : un élément qui n’a pas encore été prouvé en matière de référencement. Le carrousel des réponses AMP est très intéressant. Il génère à lui seul une grosse partie des clics des internautes qui sont confrontés à ce bloc : ils le considèrent comme la première réponse sur laquelle tout le monde est habitué à cliquer. Votre site gagne donc en visibilité et, puisque vous gardez l’intégralité des recettes publicitaires, vous n’êtes pas perdant avec cette stratégie.

Les pour et les contre
Il serait caricatural de dire que Google est le grand Deus Ex Machina et que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. On s’en doute, il y a une contrepartie aux pages AMP. Elles sont mises en cache par Google automatiquement et c’est là que va l’internaute qui clique dessus. Dans l’exemple d’un site d’information, cela permet d’alimenter Google Actualités et de faire lire un article. Mais cela n’alimente pas le compteur de vues du site final qui fournit ainsi gratuitement du contenu, en l’occurrence un article. A ce stade, il n’y a donc pas de contreparties directes pour le site média en question. Si l’internaute ne fait que lire l’information, rien ne prouve son passage sur le site. Google utilise donc un contenu qualitatif et professionnel sans le rémunérer.

Le site en question n’est pas totalement perdant non plus, puisqu’il garde toutes les recettes publicitaires qui peuvent être générées lors du passage d’un lecteur sur son site. Mais la gronde reste justifiée et réelle. Google l’a bien compris et a tenté de désamorcer la colère des internautes et surtout de tous ceux qui travaillent dans le référencement. En l’occurrence, l’adresse paraît toujours dans le navigateur avec le préfixe de Google. Mais la page n’en fait aucunement mention et le partage d’un lien, par exemple par email ou sur les réseaux sociaux, se fait directement par le biais du site d’origine. La page AMP mise en cache par Google n’est pas partagée pour une prise en considération plus honnête de ceux qui fournissent le contenu d’origine.

Les avis sont souvent partagés sur l’AMP. Le gain en termes de rapidité est un véritable atout pour l’internaute et celui qui a indexé ses pages de cette façon. Comme la page est vue en cache sur les serveurs de Google, on peut y voir là une forme de vampirisation du contenu de la part de ce moteur de recherche. Mais tout pousse à croire que le système peut encore gagner en souplesse pour permettre au mobile de devenir in fine l’outil de toutes nos requêtes internet.

[ASIDE] Google AMP Cache est un réseau de distribution de contenus basé sur proxy qui fournit tous les documents AMP valides. Il extrait les pages AMP HTML, les stocke en mémoire cache, et améliore automatiquement la performance des pages. Avec Google AMP Cache, le document, tous les fichiers JS et toutes les images se chargent à partir d’une source, laquelle utilise HTTP 2.0 pour une efficacité optimale.[/ASIDE]

Patrick Chareyre

https://www.xenoht.net/

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