Information contextualisée
Le 1er juillet 2013 marquera la fin d’une époque. Ce jour-là, Google a fermé Google Reader, l’agrégateur sans doute le plus utilisé dans le monde pour la lecture des flux RSS, chers aux blogueurs et aux geeks.
Récemment, Richard Gingras, Senior Director News & Social Products chez Google, s’en est expliqué dans une interview accordée à Wired : globalement, la consommation d’information en 2013 n’a plus rien à voir avec celle de 2005, lorsque Google Reader a été lancé. Au lieu d’une lecture uniforme, flux par flux, au petit déjeuner ou sur un canapé en fin de journée, nos pratiques évoluent vers une consommation contextuelle et quasi constante de l’actualité tout au long de la journée, grâce notamment à la démocratisation de l’internet mobile.
Entre-temps, les réseaux sociaux nous ont permis d’expérimenter l’information au travers du graphe social (nos « amis »). Force est de constater que même les webivores les plus voraces ont fini par se lasser des festivals de chatons, gros plans culinaires et autres thèmes abscons. Même problème pour digg et les outils basés sur la popularité : ils sont certes amusants pour une lecture occasionnelle, mais rarement pertinents.
Et demain? Comment allons-nous faire remonter l’information la plus pertinente et la plus proche de nos intérêts? Compte tenu du temps limité que nous avons à disposition, comment échapper au bruit de fond constant et ne conserver que l’essentiel?
Quelques « pure players » s’emploient aujourd’hui à définir les nouveaux standards de production et de consommation en ligne de l’information.
D’abord Google, encore lui, qui mise sur une approche algorithmique et des techniques d’intelligence artificielle. Son objectif est d’automatiser le processus selon les préférences et habitudes individuelles de chaque internaute afin de lui proposer le contenu qu’il souhaite, là où il le souhaite, quand il le souhaite. L’algorithme se nourrira sans doute largement des données contextuelles collectées par les capteurs embarqués dans nos appareils mobiles. Avec le temps, Google saura déterminer, par exemple, que je préfère lire les grands titres le matin dans les transports publics et les éditos plutôt pendant ma pause déjeuner. Il me proposera le mono-journal correspondant, entièrement personnalisé.
C’est sans doute dans cette perspective que Google Now, Google Currents et même Google+ sont développés depuis 2011: pousser à consommer mais aussi à découvrir l’information indépendamment de sa source. Ainsi, au lieu de lire toujours les mêmes titres, nous parcourrons plutôt des catégories, des types de contenus, alimentés par l’algorithme de Google.
La seconde tendance est représentée par des acteurs plus modestes tels que Scoop.it! et Flipboard . Ceux-ci se basent également sur un algorithme qui analyse les préférences de l’utilisateur ainsi que son graphe social. Mais ce qui les rend particulièrement intéressants, ce sont leurs fonctionnalités de curation manuelle du contenu. Celles-ci permettent à chacun de créer désormais son propre « magazine » thématique pour partager le résultat de sa veille par exemple. A l’inverse, les consommateurs d’information peuvent s’abonner à ce magazine et bénéficier de la curation réalisée.
De nombreux internautes, de plus en plus exigeants, seraient même prêts à débourser quelques francs pour avoir accès à des micro-magazines de qualité, présentant des contenus sélectionnés par des experts dans leur domaine. Cela permettra-t-il à Flipboard et ses concurrents de faire apparaître un nouveau modèle d’affaires?