Interviews

Le Web : Rendez-vous @ Paris

En Europe, c’est LA conférence à ne pas manquer. 3000 personnes s’y précipitent malgré un prix d’entrée fixé à 1’490€. Interview avec son fondateur, Loïc LeMeur.

– Depuis « Les Blogs » jusqu’à « Le Web », vous avez suivi le développement de l’industrie digitale. Cette année, le thème est le SOLOMO (Social, Local, Mobile). Une thématique qui ne fait pourtant pas l’unanimité au sein du monde du web. Que répondez-vous à ceux qui, comme Fred Cavazza – qui estime que l’avenir d’Internet est du côté des contenus et non des outils – pensent que c’est un « vrai faux » débat ?
– Ignorer l’explosion de l’utilisation des tablettes et des Smartphones et la disparition programmée des ordinateurs tels que nous les connaissons est impossible. Toute la Silicon Valley vit et innove au rythme du social-local-mobile. Le lancement de Windows 8 en est un symbole: Microsoft parie son avenir sur le thème SOLOMO :, tout devient mobile et l’interface utilisateur sera le toucher. Ce sera naturellement le centre de tous nos débats à Le Web cette année.

– Parmi les participants, le ratio entre investisseurs, entrepreneurs et médias a-t-il évolué d’édition en édition ? Autrement dit, en quoi se différencie Le Web d’autres rencontres digitales B2B ?
– Aucune autre conférence dans le monde n’est aussi internationale. Le Web a regroupé 3000 participants de 60 pays l’an dernier. Il s’agit d’un événement mondial ayant lieu à Paris, et non d’un événement français ou européen. Raison pour laquelle tout est en anglais.
Le Web est aussi la seule conférence en Europe qui parvient à déplacer une telle brochette d’intervenants et d’entrepreneurs de la Silicon Valley. Nous avons également un très bon équilibre entre entrepreneurs, investisseurs, influenceurs et médias.
Depuis quelques années, on constate également que les grandes entreprises viennent à Le Web pour s’offrir un voyage dans la Silicon Valley sans quitter Paris. Car elles savent qu’ici elles vont pouvoir découvrir les dernières innovations et les start-ups qui les ont misest sur pied.
L’écho est tel, que nous étions, l’an dernier, le plus important « Twitter trend » (ce dont on parle le plus sur Twitter) au monde. Incontestablement, Le Web est parmi les leaders mondiaux, si ce n’est le leader mondial, des conférences autour de l’innovation sur Internet.

– Rencontrer les conférenciers, qui sont pour la plupart devenues des « stars » du web, est de plus en plus difficile. Comment pouvez-vous y remédier compte tenu des 3000 participants ? Un casse-tête ?
– C’est difficile en effet. Par exemple l’an dernier, les « stars » françaises telles que Xavier Niel, Marc Simoncini, PKM ou Jacques-Antoine Granjon étaient toutes présentes et ne pouvaient pas marcher sans être assaillies d’entrepreneurs souhaitant lever des fonds et voulant les associer à leurs projets.
La plupart de ces personnalités sont aussi des Business Angels très actifs, ils adorent ce contact et je crois qu’ils étaient assez accessibles. D’ailleurs, un bon nombre de levées de fonds ont lieu chaque année à Le Web.
Mais, il est vrai que gérer ce flux est un véritable casse tête. Une anecdote : l’an dernier j’ai dû aider Dennis Crowley, le créateur de Foursquare, a quitter la salle, pour qu’il puisse se rendre à un dîner, tant il était assailli par des centaines de fans !

– Comment gérez-vous l’équilibre entre conférenciers sponsors et non sponsors ?
– Mon épouse Géraldine s’occupe de la conférence et des partenariats, je conçois le programme de manière indépendante. Les contenus des séances plénières sont préparés pendant des mois en fonction des dernières tendances et de l’actualité. Nous n’avons jamais « vendu » les invitations en tant que conférencier, contrairement à beaucoup d’autres événements. A Le Web, il n’y a pas non plus de « pitch produits sponsorisés » sur scène. L’intérêt du contenu est pour moi prioritaire. Nous avons bien sûr quelques partenaires sur scène, pas tous, et je crois que leur présence est très intéressante pour le public, surtout quand, par exemple, Google ou Microsoft discutent de leurs innovations. Tout le monde s’intéresse à l’avenir d’Android ou de Windows 8 !
J’insiste également pour éviter le pur discours marketing, notre format ne se prête pas à l’autopromotion, car il s’agit généralement de questions réponses et non de présentations. En revanche, nous avons des ateliers entièrement gérés par les sponsors qui, eux, sont commercialisés. Là, la nature de la relation est très claire, personne n’est trompé. Le public n’y trouve rien à redire : les ateliers de Facebook ou LinkedIn ont eu tellement de succès que les participants avaient du mal à entrer dans les salles!

– Le Web, c’est la Silicon Valley à Paris… quid des marchés émergents (Chine, Inde, Brésil, Afrique) ? Prévoyez-vous de délocaliser votre événement ?
– Tous les ans nous avons quelques intervenants, pas assez je le reconnais, provenant de ces régions. Il est également vrai que l’on me sollicite pour je lance un Le Web dans d’autres pays, mais nous sommes une toute petite équipe et nous nous concentrons sur Paris où la croissance est incroyable: nous avons eu 1000, puis 2000 et 3000 participants ces trois dernières années. Il est difficile de gérer une telle croissance !

– Vous êtes également le fondateur de Seesmic. Le web qui va vers le tout mobile, cela ne contredit-il pas votre décision de mettre fin à Seesmic vidéo ? Un regret ?
– Vous me parlez d’une décision prise il y a trois ans ! Bien sur que je regrette que mon rêve de conversation vidéo en groupe sur Internet n’ait pas eu le succès que j’espérais. J’ai lancé ce projet trop tôt : aujourd’hui encore, il reste précurseur. Mais c’est un fait, la plupart d’entre nous n’est pas à l’aise avec l’expression publique vidéo sur le web.
Seesmic se concentre désormais 100% sur le mobile, nous créons des applications de gestion des réseaux sociaux et de CRM pour l’entreprise. Je vis donc moi-même dans le thème de cette année !

Propos recueillis par Victoria Marchand

www.leweb.net

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