Une agence, un jour : onlab
Installé à Berlin depuis 12 ans, Nicolas Bourquin a créé l’agence de graphisme onlab qui met en scène des contenus sur tous les formats. Une souplesse qui surprend souvent les clients.
La langue de Goethe est entrée dans la vie de Nicolas Bourquin à la fin de ses études à l’Ecole d’arts appliqués à Bienne. Fraîchement diplômé, il part à Zurich pour y devenir bilingue. Il se fait engager comme graphiste par une agence allemande (MetaDesign) qui l’envoie régulièrement à Berlin. Au bout d’une année, il réalise qu’il préfère travailler en solo et crée onlab. Il décide de s’installer à Berlin car au début des années 2000, c’est encore la seule ville européenne abordable : « On trouvait facilement des appartements et des locaux commerciaux, le coût de la vie était très bon marché, ce qui réduisait les frais fixes. Idéal pour une jeune structure ! » Après 12 ans, il réside encore dans cette ville. Le contexte a changé, comme le portefeuille clients de son agence qui est constitué en majorité de marques étrangères.
Nicolas Bourquin, quel est le positionnement d’onlab ?
Formellement onlab est une agence de graphisme. Concrètement nous nous définissons plus comme des artisans que comme des graphistes. Cette approche très suisse est peu courante en Allemagne. C’est ce qui a permis à onlab de se différencier des autres graphistes locaux.
S’il fallait résumer notre travail par un concept, je dirai que nous sommes des metteurs en scène de contenus. Nos clients nous contactent souvent pour une affiche et se retrouvent avec une solution complètement différente : une exposition, un site, un livre, une application mobile, etc. En résumé, nous ne nous bornons pas à exécuter une commande, nous cherchons la meilleure solution à un besoin concret.
Quelle est la taille de l’équipe ?
Je suis le fondateur de l’agence et directeur de création. Je partage les responsabilités avec deux associés : Thibaud Tissot, un graphiste suisse qui est directeur artistique, et Niloufar Tajeri, une architecte allemande d’origine iranienne, managing director. Selon les contrats, l’équipe peut compter au total entre 7 et 9 personnes.
Votre approche séduit-elle tous les secteurs économiques ?
Oui. Nous avons beaucoup travaillé pour le domaine culturel et gouvernemental (p. ex. : Ministère de la construction, éducation politique), des ONG (Amnesty International, Reporters sans frontières), des musées, des universités, mais également pour la fondation artistique de la Deutche Bank et automobile (Audi, Smart).
Nous avons également été mandatés pour des maisons d’édition, qui nous ont demandé de concevoir des ouvrages clé en main : du sujet à la recherche d’auteur, au graphisme jusqu’à l’impression. Une démarche qui nous a ouvert de nouvelles compétences, notamment dans le domaine de l’infographie que nous avons pu mettre à profit pour des médias.
Faites-vous référence au Data Journalism ?
Oui. Nous collaborons souvent avec des journalistes qui nous fournissent le contenu brut que nous interprétons au travers d’infographies, tant pour des supports imprimés, des sites internet que des vidéos ou des affiches. Il y a une forte demande pour de tels visuels, mais force est de constater que ce travail est difficilement rentable, car les journaux continuent à nous rémunérer pour la réalisation graphique en oubliant le temps d’analyse des données, du filtrage de l’information, etc.. Or, cette partie correspond généralement à la moitié du mandat.
Comment les faire comprendre ?
En les formant. Nous donnons des cours à l’Université de Copenhague où graphistes et journalistes ont des cours en commun.
What’s next ?
Du Data Journalisme au développement durable, il n’y a qu’un pas. Le web participatif a changé lle discours de la Corporate Identity. Aujourd’hui, les entreprises se doivent d’être transparentes avec leurs clients et leurs employés. Un exercice difficile pour des marques qui se sont souvent limitées à ne communiquer vers l’extérieur que sur leurs produits.
Depuis Berlin, vous avez une approche très internationale. En tant que Suisses, n’avez-vous pas réussi à vous faire une place dans cette ville ?
Au contraire, être un graphiste suisse est un label de qualité. C’est Berlin qui est la cause de notre « internationalisation ». Il faut savoir que cette ville, bien que très dynamique, est fauchée, endettée et que peu d’ entreprises locales sont viables. Par conséquent, tout le monde doit avoir des clients dans le reste de l’Allemagne et à l’étranger.
J’ai une relation amour-haine avec cette vile. Si j’y suis resté c’est parce que l’offre culturelle est énorme. Par conséquent, je profite de cette dynamique tout en travaillant la moitié de mon temps extramuros. C’est le paradoxe de cette ville.
Propos recueillis par Xavier Bertschy
Article écrit par Victoria Marchand
Quelques clients de OnLab
Deutsche Bank, Allemagne, HBC, Allemagne ; Domus, Italie ; Galerie C, Neuchâtel Suisse ; La Cambre – Ecole Nationale Supérieure des Arts Visuels, Bruxelles ; LargeNetwork – EPFL, Suisse ; Soirée graphique, Komet, Berne ; Wallpeper, USA ; Al-Ma’mal Foundation for Contemporary Art, Jerusalem Israël ; Communie di Valdagno, Italie.
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