Point Prod : Naissance d’un nouveau centre média et digital
Le 11 octobre, le groupe Point Prod inaugurait le « Cube » dans le quartier de la Praille à Genève. Un bâtiment qui concrétise l’émergence d’un nouveau pôle audiovisuel & digital réunissant les entités du groupe – Point Prod, Actua, A2P, Cobweb, Graf Miville – avec deux locataires : la télévision régionale Léman Bleu et la société de production IDIP Film.
Une nouvelle étape que Vincent Gonet, fondateur de Point Prod et directeur du groupe, juge indispensable et commente pour les lecteurs de Cominmag.
Vincent Gonet, réunir un tel pôle de compétences, fort de 100 collaborateurs, dans un bassin aussi étroit que la Suisse romande cela tient du quasi du miracle ! Comment tout a commencé ?
La société de production Point Prod a été créée en 1996. Notre objectif était l’élaboration de programmes de divertissements. Compte tenu de la taille et de la structure du marché de l’audiovisuel romand qui alors ne comprenait qu’un seul acteur (ndlr : la TSR), nous nous sommes tournés vers le secteur privé en proposant aux marques de réaliser des films d’entreprises ou des films publicitaires. C’est ainsi que nous sommes entrés en contact avec Actua.
En 2007, vous rachetez cette société de production, une opportunité ou une nécessité ?
Les deux. Avec le développement du câble, nous avions commencé à représenter des chaînes en Suisse comme Euronews et Fashion TV. Nous nous étions également lancés dans la création de magazines pour la TSR et nous avions commencé à faire de la co-production avec des chaînes françaises. Venant de la création de contenus, nous collaborions avec Actua pour nous fournir des prestations techniques . Et au fil des mandats, nous sommes passés du statut de clients à celui de partenaires puis d’associés.
Actua, une société créée en 1952, rachetée par une « startup » de l’audiovisuel, ce n’était pas très courant à l’époque…
Ce rachat n’a pas signifié de fusion. Les deux entités ont gardé leur marque et leur domaine de compétences. Une nouvelle force de frappe qui nous a permis de créer Actua Paris, aujourd’hui le plus gros bureau indépendant de correspondants dans la capitale française. De nombreuses chaînes de télévision viennent y faire leur duplex notamment pour leurs journaux télévisés. Et puisque nous avons toujours un pied dans la production et un autre dans la création, nous avons ouvert également à Paris la société Episode 4 qui propose exclusivement du contenu.
Mais vous restiez un prestataire broadcast dans un monde qui digitalisait…
C’est pour cela que l’an dernier nous avons lancé A2P (ndlr A pour Actua et P pour PointProd), une agence audiovisuelle digitale. La communication 2.0 a amené les marques sur les réseaux sociaux. En communiquant directement avec leurs clients, elles ont commencé à se transformer en médias. Le corolaire c’est que pour nourrir cette conversation, ces dernières doivent produire incessamment du contenu. Nous avons réalisé que nous étions parfaitement équipés pour les aider à le créer et à le diffuser.
Vous avez récemment intégré dans votre groupe deux agences web – Cobweb et Graf Miville – une manière de disposer de développeurs maison ?
Absolument. Chez Point Prod, nous avions besoin de programmation notamment pour notre département muséograhie et installations audiovisuelles. De même chez Actua, lorsque l’on couvre des événements internationaux, il faut connecter des serveurs pour que toutes les chaînes puissent reprendre du contenu. Cela présuppose de construire des architectures complexes.
Nous avons essayé de gérer le développement à l’interne mais nous sommes vite arrivés à la conclusion qu’il valait mieux nous rapprocher d’agences aux compétences plus pointues. C’est ainsi que nous sommes entrés en contact avec ces deux entreprises. Un rapprochement qui faisait également du sens pour elles, puisque leurs clients étaient à la recherche de contenus.
Toutes ces sociétés font aujourd’hui partie du groupe Point Prod, concrètement comment est constitué votre actionnariat ?
Nous avons les mêmes actionnaires pour toutes les sociétés. Ce qui change c’est que Cobweb et Graf Miville ont fusionné pour devenir une société anonyme sous le nom d’Idéative.
Chaque société garde à sa tête un directeur mais le management commun du groupe est assuré par un conseil de direction dont font désormais partie Fabrice Léger (fondateur de Cobweb) et Christophe Miville (fondateur de Graf Miville) qui rejoignent David Rihs, Jean-Marc Frohle, Olivier Beroud et moi-même en qualité d’actionnaires.
Côté business, le champ des possibles n’a jamais été aussi ouvert. Est-ce plus facile ?
Passer d’un marché avec peu d’acteurs à une situation atomisée n’est pas plus simple à appréhender. Il y a beaucoup de prestataires et leur positionnement n’est pas facilement identifiable par les marques. Nous étions dans ce cas de figure c’est pourquoi nous avons tenu à clarifier nos entités afin qu’on nous reconnaisse comme un partenaire broadcast et comme un acteur digital capable de proposer et de réaliser du contenu sous la forme de stories, de news adaptées pour les marques, etc.
Votre proximité avec Léman Bleu témoigne-t-elle de votre intérêt pour l’actualité ?
Oui car cela Léman Bleu fait partie de notre écosystème médiatique. Etre dans nos murs est intéressant pour Léman Bleu qui peut s’appuyer sur Actua comme par exemple lors des élections genevoises. Mais c’est aussi important pour Point Prod ou A2P car nous devons également apprendre la souplesse des méthodes de travail des journalistes reporter images. Cette mixité permet d’augmenter le niveau de formation et de créer des opportunités professionnelles au sein de nos équipes respectives.
Maintenant que vous venez d’inaugurer la surélévation de votre bâtiment « Le Cube » quel est votre « What’s next » ?
Il n’y a pas de plan précis mais force est de constater que notre nouvelle organisation nous a déjà permis de remporter des mandats d’un nouveau type. Par exemple, avec le Salon de l’automobile où nous préparons du contenu et gérons le Community Management pour toutes les chaînes de télévision et pour tous les supports. Cela implique un savoir-faire digital et technologique de plus en plus pointu.
Grâce au développement de l’intelligence artificielle, la personnalisation et la contextualisation des contenus deviendra une réalité. Le renforcement de nos compétences métier a également été pensé pour que nous puissions devenir un acteur de la gestion de Datas autant sur le web que dans le cadre d’événements réels. Nous réalisons par exemple des installations audiovisuelles interactives dont les contenus dépassent les murs des expositions ou des musées. La réalité virtuelle et augmentée sont également des développements dont nous nous sommes saisis.
Concrètement qu’est ce qui a changé dans votre manière de travailler ?
Nous sommes devenus une force de propositions pour nos clients. Ce qui signifie que bien que chacun garde ses propres mandats, nous pouvons à tout moment fonctionner comme un « cluster » pour mettre nos forces en commun et aller plus loin que le brief.
Le métier de producteur de contenu a-t-il complètement changé ?
Pas autant que cela, au fond nous continuons toujours à raconter des histoires. Ce qui s’est trouvé modifié c’est la linéarité, ou plutôt le découpage de la narration en fonction des supports. Cela qui nous oblige à avoir 30 développeurs à l’interne.
Des développeurs à Genève, cela vous rend-il plus cher ?
Nos clients sont de plus en plus des spécialistes du marketing digital. Ils savent ce qu’ils veulent et mettent au premier plan la traçabilité et la sécurité des données. Par conséquent faire confiance à des acteurs locaux permet de s’économiser bien des problèmes. En tant qu’acteurs connus et reconnus de la place, nous gardons nos valeurs et cela est aussi un signe distinctif.
Validez-vous la maxime « il faut que tout change pour que rien ne change » ?
Absolument. Comment appréhender les nouveaux métiers ? Par l’embauche, par la formation ? La taille de notre groupe nous permet d’avoir des profils spécialisés pour autant que nous remportions des mandats qui permettent cette segmentation. Ce qui nous ramène à la taille de notre marché. Cette réalité est la seule qui ne change pas que l’on soit digital, ou analogique ou numérique .