Stratégie

Lobbying : transparence n’est pas indécence !

La réputation d’une personne ne se mesure pas à sa capacité de faire l’unanimité autour d’elle. Mais plutôt au résultat de ses comportements moraux, de sa prise de responsabilité vis-à-vis de ses propres actes, et ce dans la durée.

Ceci est aussi valable pour les lobbyistes qui contribuent à forger des opinions et à influencer la prisede décisions. Quiconque éduque par règles et préceptes connaît la législation et ses vides juridiques ; cela n’en fait pas pour autant un bon professeur.
Seuls sept sur les dix-neuf pays de l’UE qui ont été analysés légifèrent sur les activités de lobbying. La branche autrichienne de Transparency International tire des conclusions alarmantes de l’étude présentée le 20 avril dernier. Cette dernière estime que « l’influence pratiquement non-réglementée de l’économie sur les décisions politiques touche la vie quotidienne de tous les citoyens européens ». Qu’en est-il en Suisse ? Dans notre démocratie directe, le lobbying est-il aussi perçu comme « magouillage », « copinage » et prises d’influence opaques ? Que fait la SSPA pour la bonne réputation des lobbyistes ? L’absence de lois est-elle un indicateur de déficit moral ?

Lobbying – pour le meilleur ou pour le pire ?
La formation d’opinions démocratiques et les processus de décision s’avèrent de plus en plus complexes, globaux et rapides. La plupart du temps, le législateur, qui cherche à suivre ce processus avec ordre et lois, est à la traîne devant ce développement qui le dépasse. Le débat médiatique se concentre la plupart du temps sur les scandales, de même que sur les lobbyistes du Palais fédéral qui rédigeraient des interventions et amendements parlementaires ou qui donneraient des consignes de vote aux députés. Mais nos représentants nationaux se laissent-il vraiment manipuler ainsi ?
Le lobbyiste qui défend les causes écologiques ou humanitaires est souvent considéré (aussi par Transparency International) comme un bon lobbyiste avec des idéaux. Celui par contre qui s’engage en faveur des intérêts de l’économie ne peut être que vénal.
J’ai vécu personnellement cette situation, en quittant la Fédération suisse des aveugles et malvoyants pour rejoindre santésuisse. Ma perception personnelle était celle d’un engagement dans la continuité, pour un équilibre entre intérêt général et responsabilité personnelle, dans le domaine des assurances sociales. Ceci n’a pas été compris, en particulier par les milieux de gauche. Cette perception n’a pas diminué lorsque j’ai quitté santésuisse pour rejoindre comparis.ch. Cependant, je suis toujours resté fidèle à mon système de valeurs, quel qu’ait été mon employeur.

Transparence n’est pas indécence
Les membres de la SSPA (Société suisse de Public Affairs) s’engagent à déclarer publiquement leurs mandants, sur le site internet de la société. Les parlementaires fédéraux sont eux aussi tenus de publier leurs liens d’intérêts. Les règles d’accès au Palais fédéral sont décidées par son hôte, l’Assemblée fédérale. Une accréditation des lobbyistes, analogue à celle dont dispose les journalistes, ne trouve actuellement pas de majorité au Parlement.
Parallèlement à l’autorégulation, renforcée par son code de déontologie et sa commission, la SSPA s’investit dans la formation continue de ses membres. En effet, la transmission de bonne pratique et de valeurs communes est plus durable que l’exclusion de membres. Je m’engage au sein du comité de la SSPA pour ce principe.
Le temps ne s’arrête pas. Le monde se développe de manière rapide et contradictoire. Dans le processus de formation d’opinion, il n’est plus possible pour résoudre des problèmes de développer à huis clos des idées extraordinaires. La presse dominicale s’empare alors de révélations et en fait les gros titres. Mais celui qui vend aux médias de « fausses » idées coupe la voie à de bonnes solutions. Ces dernières sont l’aboutissement d’un processus – nécessaire – d’échanges et de discussions.
Outre les idées « choc », l’argent fausse aussi le débat. Une fois la transparence et les liens d’intérêt établis, les flux d’argent seront révélateurs de la force des liens. Ceci est valable tout autant pour les lobbyistes que pour les politiciens et les partis politiques. Simultanément, la protection de la sphère privée, en particulier financière, devrait être ancrée dans la Constitution.
Dans le sport comme en politique, je me réjouis lorsque les petits budgets « gagnent ». Ces victoires démontrent que dans notre démocratie directe, le bien-être commun est important et que tout n’est pas subordonné à l’argent.

[ASIDE]

SSPA – Société Suisse de Public Affairs

La Société Suisse de Public Affairs (SSPA) est une association professionnelle qui compte quelques 240 membres. Elle a pour but de sensibiliser les autorités et le public au sens et à la valeur du travail de lob-bying politique, économique et culturel ainsi qu’à la contribution de ce travail au processus démocratique de prise de décision.
www.public-affairs.ch

Auteur : Felix Schneuwly, responsable des affaires publiques chez comparis.ch et membre du comité de direction de la SSPA.[/ASIDE]

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