Tamedia : Le numérique c’est 27% du chiffre d’affaires et 32% du résultat d’exploitation
Chez Tamedia, le premier semestre 2015 se solde, en termes de chiffre d’affaires et de bénéfices, par une nouvelle progression du secteur numérique au détriment de la presse – une tendance qui ne peut que s’accentuer depuis que les autorités ont donné leur aval à la reprise de Ricardo. Tamedia est d’ailleurs en train de restructurer sa division presse : les vendeurs d’annonces sont regroupés dans une équipe centralisée responsable de l’espace publicitaire Tamedia, et le marché des lecteurs connaît une transformation similaire.
Au premier semestre 2015, alors que le chiffre d’affaires de Tamedia a reculé de 4% à CHF 531 millions, le groupe média annonce une augmentation des bénéfices de 21% (soit CHF 72 millions) par rapport à la période de référence. En effet, la diminution des coûts a permis de compenser presque totalement le recul des ventes, et environ 16 millions sont le produit de diverses ventes, parmi lesquelles les participations à LS Distribution Suisse SA (société de distribution de Naville) et les journaux locaux La Broye et Le Régional. Sans ces ventes, le bénéfice serait resté stable. La marge EBIT n’a pas changé non plus, frôlant les 14% pour un objectif de 15%.
Seul le numérique fait grimper le chiffre d’affaires
La cause principale du recul du CA est à chercher dans la baisse des recettes publicitaires de presse, qui représentaient jusqu’alors un volume global de près de CHF 30 millions. À eux seuls, les segments Publications régionales et Publications nationales (regroupant les anciens secteurs Presse régionale et nationale et leurs plateformes respectives) ont vu leurs ventes diminuer de 7 et 6%. Par contre, le numérique (désormais sans plateformes de presse, mais avec la participation à Trendsales et la consolidation globale de Doodle) a progressé de 9% et représente désormais 20% du chiffre d’affaires du groupe. Si l’on analyse le secteur numérique global (avec les plateformes des magazines et des journaux), sa part du CA est désormais de 27% et celle du résultat d’exploitation (EBIT) atteint 32%. Christoph Tonini, le CEO, a annoncé que d’ici deux ans, le numérique représenterait 50% de ce résultat.
Le leadership de Tamedia n’est pas confirmé
Cet objectif est d’autant plus réaliste qu’à peine une semaine après la conférence de presse de bilan du semestre, la Commission de la concurrence validait la reprise du groupe Ricardo par Tamedia, autorisant par la même occasion la reprise de JobScout24 par JobCloud (la co-entreprise de Tamedia et Ringier). Même si la COMCO considère que dans le domaine des offres d’emploi, cette opération permettra à Tamedia/JobCloud de dominer le marché, elle déclare que « dans le cas de ces deux reprises, la concurrence effective ne risque pas de disparaître ». Interrogée à ce sujet, la directrice adjointe Carole Söhner-Bührer a toutefois précisé que la réalité du leadership n’avait pas été vérifiée.
À la recherche de partenaires pour une expansion outre-Rhin
Ce n’est qu’après la date de clôture du bilan que Tamedia a transféré les activités de répertoires de search.ch vers local.ch, la nouvelle compagnie gérée conjointement avec Swisscom et dans laquelle Tamedia détient 31% des parts. Ce qui entraîne une nouvelle évaluation des parts détenues par Tamedia dans search.ch. M. Tonini a estimé qu’au second semestre, cette nouvelle évaluation se solderait, dans le résultat financier de Tamedia, par CHF 203 millions de bénéfices de réévaluation.
Après avoir conquis le Luxembourg et le Danemark, Tamedia part à l’assaut de l’Allemagne – avec une version 100% numérique de 20 Minuten. Un premier test se soldant par des résultats positifs avait été effectué l’an dernier et Tamedia est donc à la recherche de partenaires de coopération envisageables en Allemagne, toujours selon M. Tonini.
Restructuration interne jusqu’au début 2017
L’annonce du regroupement des activités publicitaires de Swisscom, SSR et Ringier a incité Tamedia à procéder à une restructuration interne : au plus tard d’ici 2017, il est prévu de regrouper les vendeurs, jusqu’alors rattachés à chaque secteur, sous l’égide d’un marché publicitaire centralisé. Cette nouvelle organisation facilitera aux annonceurs la planification et la réalisation chez Tamedia de campagnes diffusées sur plusieurs plateformes et médias. Le groupe demeure donc fidèle au principe de la propre commercialisation de l’ensemble de ses journaux, magazines et offres de publications numériques. Au 1er janvier 2017, Marcel Kohler prendra la direction de la nouvelle division « Publicité et pendulaires » tout en restant aux commandes de 20 Minuten, L’essentiel (Luxembourg), MX Metroxpress (Danemark) et du suisse News-Express (informations).
Les marchés des lecteurs de chaque titre sont eux aussi rattachés à la nouvelle division Médias payants, qui regroupe les rédactions ainsi que l’ensemble des équipes de marketing lecteurs et de gestion de produit. La direction en est confiée à Serge Reymond, jusqu’alors responsable des divisions Tamedia Publications Romandes et Medien Deutschschweiz. Début 2017, la nouvelle structure entraînera la disparition des unités actuelles (Tamedia Publications Romandes, Medien Deutschschweiz, Regionalmedien Deutschschweiz et 20 Minuten).
Ricardo revoit sa copie
Il y a un an, Ricardo lançait la plateforme B2B Ricardoshops.ch dont la disparition est annoncée à l’horizon 2018. Selon netzwoche.ch, ricardoshops.ch devrait fusionner avec la plateforme B2C ricardo.ch. Information confirmée par un porte-parole de Ricardo, le processus n’ayant rien à voir avec Tamedia car les jeux étaient déjà faits. On se demande toutefois pourquoi ricardoshops.ch avait été lancé avec un tel battage publicitaire…
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