Le Presstival 2025 : la presse fait sa révolution au cœur de Bienne

Le 7 juin prochain, le vieux stade de la Gurzelen à Bienne ne résonnera ni des cris des supporters ni du sifflet d’un arbitre, mais des débats passionnés autour de l’avenir du journalisme. Pour sa première édition, le Presstival a vu grand, réunissant professionnels des médias, chercheurs, activistes et public autour d’une ambition claire : repenser le rôle, les formes et les conditions de l’information en Suisse et au-delà.
Conçu comme un festival « total » du journalisme, l’événement a pris la forme d’un véritable village médiatique. Dix scènes thématiques ont permis d’explorer la diversité du métier : conférences, podcasts, documentaires, photojournalisme, dessin de presse, médias émergents, scènes internationales… Le tout dans une ambiance aussi engagée que conviviale.
Parmi les moments forts : une table ronde sur le succès des médias numériques alémaniques (Tsüri.ch, Republik, Bajour…) qui interrogera implicitement l’atonie du paysage romand. La question de la diversité dans les rédactions sera abordée sans détour, face à un profil dominant trop homogène qui peine à refléter la société suisse.
L’intelligence artificielle occupera une place centrale, avec une conférence percutante de Solange Ghernaouti, experte en cybersécurité, qui a invité à sortir de « l’hypnose technologique ». De son côté, Mona Spiridon, neuroscientifique, s’intéressera aux illusions du fact-checking, en pointant les biais cognitifs qui contaminent nos raisonnements.
Dans le Dôme, l’espace des débats, les discussions poseront les questions suivantes : Faut-il obligatoirement passer par une école de journalisme ? Peut-on encore vivre du métier ? Quel est le prix d’un bon reportage aujourd’hui ? Il y aura également une mise en scène judiciaire autour d’une affaire fictive, portée par Heidi.news, où le journalisme d’investigation y apparaît à la fois nécessaire… et menacé.
Au-delà des frontières, l’espace international – co-organisé avec Reporters sans frontières et la Fondation Hirondelle – la parole sera donnée à des journalistes exilés, venus témoigner de leur combat pour informer depuis la Russie, Gaza ou la Turquie. Loin d’un académisme compassé, ces témoignages sauront résonné avec force.
Les autres scènes ne seront pas en reste : podcasts poignants, exposition photo sur les supporters, satire mordante autour de la censure, espace pour les petits médias romands… jusqu’à un spectacle de journalisme scénique, alliant théâtre et reportage, porté par Léo Michoud.
En marge des discussions de fond, l’événement mise sur l’interaction avec le public : boîte à idées, jeux d’enquête immersive, speed dating avec des journalistes, masterclasses sur la transparence ou les relations entre créateurs de contenu et journalistes… Le festival clôturera avec une soirée DJ à la Vieille Ville.
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