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Watson : « La version francophone sera épicée à la sauce romande ! »

Rencontre avec Sandra Jean, la nouvelle rédactrice en chef de watson Suisse romande

Si la journaliste est connue dans la « West Schweiz », la plateforme watson ne l’est pas… encore ! L’arrivée de cette plateforme 100% digitale interpelle car, au-delà d’un esprit d’ouverture entre les cultures alémanique et francophone, elle est également le signal du renouveau médiatique romand.

Sandra Jean, si vous n’aviez pas choisi la voie du journalisme quelle serait aujourd’hui votre profession ?
J’imagine que psychologue. J’ai toujours été intéressée par la recherche du vrai ou du moins de ce qui s’approche le plus de la vérité d’une personne. Mais je ne suis pas devenue journaliste que par passion, j’y suis arrivée par immersion. En effet, j’ai aimé accompagner mon beau-père journaliste lorsqu’il faisait des reportages. Le virus médiatique est donc d’abord passé par la transmission : c’est plus fort !

Par quel média avez-vous débuté ?
Mon premier stage je l’ai fait à Radio Rhône. Puis j’ai travaillé pendant dix ans à la Radio Suisse romande (aujourd’hui RTS) où j’ai notamment couvert la politique suisse, tenu des chroniques, réalisé des portraits ainsi que de l’animation. Une expérience très complète et éclectique.

Une expérience que l’on entend immédiatement lorsque vous vous exprimez. Vous avez ce qu’on appelle une voix de radio. Pourquoi avoir quitté ce média ?
Parce qu’Ariane Dayer, une journaliste que j’apprécie et que je respecte, est venue me demander de rejoindre l’équipe du Matin qu’elle dirigeait alors. Je l’ai suivie pour travailler avec elle. Je ne doutais pas qu’on allait lui confier la rédaction en chef du Matin Dimanche et que j’allais me retrouver à la tête du Matin Semaine.

De la radio au print : ce n’est pas la même façon d’exercer ce métier….
Oui et non. La recherche de sujets, le traitement de l’information sont les mêmes. Ce qui change c’est l’expertise technique. Quand je suis arrivée dans l’univers de la presse écrite, je ne savais pas ce qu’était un chemin de fer. Le secrétariat de rédaction était nouveau pour moi.

Et le web ?
C’est avec Le Nouvelliste que j’ai commencé vraiment à l’appréhender. Après cinq années au Matin Semaine, j’ai accepté un nouveau défi car il portait autant sur un travail de contenu que sur la transformation numérique d’un titre de la presse régionale. Tout était à inventer : des flux de l’information en fonction du support écrit et en ligne comme la formation au numérique des journalistes. Avec le recul, je me rends compte que le groupe ESH Média avait pris conscience de l’importance de ce changement avant d’autres groupes de presse.

Et vous rencontrez la famille Wanner et on vous propose le projet Watson…
Ce qui m’a immédiatement plu avec Watson, c’est que cette plateforme est en phase avec son temps. Tout est juste : proposer de l’information de qualité et gratuite, la distribuer sur des supports numériques et toucher le plus grand nombre. C’est pour moi le bon projet au bon moment !

Au vu de votre expérience, quelle est la différence entre un « pure player » avec les autres quotidiens ?
C’est qu’il a été pensé pour le mobile, le desktop ou la tablette. Pour une rédaction c’est une énorme souplesse car on travaille en temps réel et on ne doit pas constamment faire des choix entre ce qui est destiné pour l’écrit ou pour la version payante en ligne ou papier. Ici, on ne produit que ce qui est intéressant pour notre audience. Toute l’énergie va à la créativité. C’est une première pour moi et j’avoue que je me réjouis de travailler avec un CMS totalement agile et pensé pour proposer la meilleure expérience de lecture. Car au final ce qui importe c’est le contenu.

En Suisse romande, on ne connaît pas encore Watson. S’il fallait trouver une formule pour le résumer, ce serait laquelle ?
Un média populaire de qualité. Et par populaire, je pense à communautés et non à profile statutaire. Watson s’adresse à la génération du numérique qui n’a pas connu les journaux et les caissettes payantes. Ces Millennials et ces Centennials (génération X) sont à la recherche de bonnes informations car ils veulent comprendre le monde tout en se détendant. Cet axe contenu-divertissement n’est pas perçu par ces populations comme étant antinomique. Au contraire, pour eux l’expérience utilisateur est un point central dans leur approche client. La fidélisation à une marque média passe par conséquent autant par la qualité des informations que par le ton des articles, signe qu’on s’adresse à eux. C’est pourquoi, on écrit de manière directe car on veut être lu. On n’écrit pas pour des institutions ou des confrères mais pour notre audience. Cela fait toute la différence.

Cette proximité nous amène à la question du tutoiement. S’il est très facilement employé en Suisse alémanique par toutes les classes d’âges, en français il en va autrement. On peut facilement se tutoyer en parlant mais dès que l’on passe à l’écrit, l’usage semble le proscrire. Comment contourner ce problème ?
En ne le contournant pas et utilisant ces deux formules de politesse à bon escient. Par exemple, lorsqu’on écrit sur des sujets politiques ou des enjeux de sociétés, on le fera dans la forme polie. Mais pour les thèmes ayant trait au divertissement ou sur le blog, on passera au tutoiement.

Vous êtes en train de réunir une équipe pour former votre rédaction. Comment avez-vous sélectionné les journalistes ?
J’ai souhaité réunir des personnes qui sont incarnées. Je veux que l’on sente que chez Watson ce sont des « vraies gens » qui écrivent et non des plumes interchangeables et encore moins des robots. C’est pourquoi l’équipe est constituée de journalistes ayant des passions et des thématiques de prédilection.

Quel sera le ton ?
Nous allons être dynamiques dans la manière d’aborder les sujets tout en restant humble. On veut revenir à l’essence de cette profession qui est de faire comprendre. Par conséquent, nous allons poser les bonnes questions aux personnes pouvant apporter les bonnes réponses.

Proposerez-vous une newsletter ?
Pas au début. Notre premier objectif est de tenir un flux d’une 40e de news par jour. Nous nous définissons comme un média de première lecture sur les thèmes suisses et internationaux. Huit journalistes gèreront ce tapis d’information auquel s’agrègeront des sujets à la sauce watson.

Quel goût aura cette sauce ?
Elle sera épicée romande. Les fondamentaux de watson : l’incarnation, l’humour et l’impertinence sont certes universels mais ils doivent être ancrés pour être pertinents. Certains sujets pourront être traduit de l’allemand au français. A ce propos, nous sommes en contact avec l’Ecole de traduction de l’Université de Genève mais cela restera une partie infime du contenu que nous proposerons. Autrement dit, le flux alémanique et romand ne sera pas identique.

Faire partie d’un des trois groupes média de Suisse, cela vous assure-t-il de la stabilité ?
Oui, mais ce n’est pas un blanc-seing. Nous avons une feuille de route en matière d’audience. Nous allons soigner notre SEO. Mais nous ne le ferons pas au détriment de la qualité de notre contenu. Nous ne sommes pas dans une course aux clics, nous visons la fidélisation, seule stratégie permettant de constituer des communautés solides.

Quid des réseaux sociaux ? Comment allez-vous vous déployer ?
Nous serons aussi bien sur Twitter, Instagram, Facebook que Tik Tok. Nous allons créer des formats qui seront pensés pour ces médias sociaux car c’est là que nous pourrons interagir, répondre avec nos audiences.

La gestion des commentaires est particulièrement soignée chez watson. C’est le responsable de l’article qui fait la modération. Pourquoi ?
Chez-nous, tous les commentaires doivent être validé pour être visibles. C’est le seul moyen d’avoir des flux constructifs et non haineux. Nous ne voulons pas être au-dessus de la mêlée mais dans la mêlée. Pour cela, il faut pouvoir échanger et débattre de manière constructive.

Vous évoquiez plus haut l’importance de l’incarnation. En tant que rédactrice en chef allez-vous rester derrière votre desk ou allez-vous intervenir plus activement en entrant directement dans ce débat ?
A ce stade, je ne peux encore vous répondre. Tout ce que je peux vous assurer c’est je veux être partie prenante. Je le serai mais je ne sais encore comment…

Cet article est également paru dans le magazine co-édité par Cominmag et Persöhnlich à l’occasion de l’arrivée du site Watson en Suisse romande

Victoria Marchand

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