L’après 14 juin…
Lorsque cette édition sortira, les résultats de la votation populaire sur la modification de la Loi sur la radio et la télévision seront connus. Que la révision de la loi ait été acceptée ou non, cette votation aura mis sur le devant de la scène les tensions qui existent entre les médias. Tensions qui sont essentiellement dues à la nouvelle répartition des recettes publicitaires intra-médias.
En 2007, lorsque les revenus nets de la presse étaient au plus haut (CHF 2 487 milliards), le web était inexistant et la télévision pesait, en termes publicitaires, CHF 637 millions (avec le sponsoring). Sept ans plus tard, la répartition est la suivante : presse CHF 1 536 milliard, web CHF 1 164 milliard, télévision CHF 772 millions.
En 2015, la publicité digitale devrait représenter 25% des dépenses de communication commerciale en Suisse. Pour la première fois, les revenus provenant du digital vont dépasser le chiffre d’affaires net de la presse écrite. Cette manne reviendra toutefois en partie aux éditeurs de presse fortement présents via leurs sites et leurs applications pour mobile et tablettes sur la Toile. Mais il est vrai que sur ce marché, de certains acteurs globaux (Google, Facebook, etc.) se taillent la part du lion. Et il faudra attendre encore bien des années pour retrouver les sommets atteints en 2007, tant la baisse des annonces est importante.
L’autre média qui progresse est la télévision. Or, si les revenus provenant de la publicité des chaînes de la SSR et des télévisions privées suisses stagnent, ceux des fenêtres publicitaires étrangères ont explosé : +300% depuis 2000. En 2014, ce sont CHF 303 millions de dépenses publicitaires nettes qui ont ainsi quitté la Suisse pour aller alimenter des chaînes allemandes ou françaises. Chaînes qui n’investissent aucunement dans la production locale. Et ce ne sont pas les concurrents suisses, proposés comme alibi national par les programmes de téléréalité de ces chaînes, qui ramèneront une once de cet argent à notre pays. Bien au contraire !
L’union fait la force. Au lieu de s’attaquer les médias suisses devraient se rapprocher et trouver des synergies. Mais pour cela, il faut que le débat reste courtois et factuellement correct. Car ce qui se joue en coulisse, c’est bel et bien l’avenir de la place médiatique suisse. Et l’affaiblissement d’un média ne fera que fragiliser tout l’édifice.