« Zuckerberg, tout le monde veut ton pognon ! »
Au début, tout n’était question que de partage, de mise en réseau et de création de communautés. Mais très vite les pionniers du Net durent accepter la réalité économique : la générosité s’arrête là où la comptabilité commence. Autrement dit, pour payer l’armée de développeurs nécessaires au développement des premières plateformes online, les pionniers de la Silicon Valley durent trouver la solution à une équation impossible : comment gagner de l’argent lorsque l’on offre des services gratuitement pour toucher un maximum de monde ?
La réponse à cette quadrature du cercle est venue de l’achat d’espaces ou, pour être précis, de la vente des audiences. Et puisque l’ère du web 2.0 avait permis de rassembler un nombre impressionnant d’utilisateurs, de fans ou de followers, il était possible de vendre l’espace à un coût ridiculement bas.
Le hold-up des médias pouvait commencer…
Au début réticents, les annonceurs finirent peu à peu par succomber à l’argument prix. Du côté de ces nouvelles plateformes, désormais transformées en « cash machines », il ne restait plus qu’à inventer de nouveaux emplacements publicitaires et à perfectionner les algorithmes afin de cibler de manière contextuelle les messages publicitaires avec les intérêts des utilisateurs de leurs plateformes pour transformer la publicité intrusive en un service.
Principaux bénéficiaires : Google et Facebook. Si le premier semble encore incontournable grâce à son moteur de recherche, le second est plus facilement attaquable. En effet, l’agrégation de services au travers d’APIs permet de multiplier à l’infini les contacts mais rend le système moins contrôlable. Un sondage par ci, un horoscope par là et le tour est joué : vos données sont pompées au profit de marques, de partis politiques ou d’autres groupes d’intérêts.
Mais qu’on ne s’y méprenne pas, le mea culpa de Mark Zuckerberg n’y changera rien. Si Facebook est aujourd’hui mis à l’index, c’est qu’il n’a commis qu’une seule erreur : avoir accumulé trop de revenus. Tous les spécialistes en digital savaient parfaitement ce que cette plateforme peut leur offrir en termes de données. Mais après avoir asséché tout l’écosystème médiatique, chacun revendique une part du gâteau. D’autant que les outsiders médiatiques ne sont plus aussi démunis. L’avancée technologique ne dure qu’un temps. Google s’y prépare et sait que son avenir s’appelle Alphabet. Mais Facebook va devoir accepter des régulations et autres couleuvres imposées par des médias sous peine de casser la machine.
Ce n’est ni la fin de Facebook, ni la fin des réseaux sociaux non transparents, juste une nouvelle étape de ce Far-West digital….