Tendances

Eloge du 7e art

Le hasard de l’actualité a voulu que j’ouvre cette Anticyclopédie le jour de l’annonce de la mort de Pierre Tchernia…

Je n’ai pas pu m’empêcher de penser que monsieur Cinéma aurait beaucoup ri en parcourant ce petit livre irrévérencieux. Car plus on connaît le cinéma (ou du moins plus on l’aime), plus on apprécie les traits d’esprit des auteurs (deux Emmanuel qui, curieusement, ne citent pas le mythique Emmanuelle dans leur somme sur le cinéma). Moqueries, vacheries, absurdités, contre-vérités, mauvaise foi, ce livre ne recule devant rien et fait souvent mouche. Car il y a toujours un fond de vérité sur lequel s’appuient les auteurs pour leurs définitions (oui, Claude Autant-Lara a bien réalisé trois films en France entre 1941 et 1943).

Certains passages sont carrément jubilatoires… aussi je ne résiste pas au plaisir de vous en citer un : On reconnaît un film allemand aux trois caractéristiques suivantes : une centrale nucléaire désaffectée accueille une techno parade, un agent immobilier est renversé par une voiture diesel, un ouvrier non syndiqué dérobe la boîte à idées dans les bureaux d’IG Metall (syndicat professionnel allemand qui représente les ouvriers de l’industrie métallurgique, du textile et de l’habillement, du bois et du plastique – pour ceux d’entre vous qui ne le connaîtraient pas).

Le ton est donné. J’aurais pu tout aussi bien vous citer les trois caractéristiques permettant de reconnaître un film iranien, portugais, pornographique, brésilien, autrichien (non, non, ce n’est pas pareil que l’allemand) ou encore français des années cinquante. Mais alors, j’aurais recopié l’intégralité du livre et ma chronique n’aurait perdu son sens premier : celui de vous donner une furieuse envie de courir l’acheter (14,50 € dans toutes les bonnes librairies, comme on dit).

Dans L’Anticylopédie, on traite tous les aspects du cinéma mais à la différence d’un dictionnaire (qui ferait au moins 3 tomes et quelques 4678 pages comme celui de Jean Tulard), on concentre tout ce qu’on a à dire sur 128 pages (dessins très drôles de Charles Berberian compris). Ca demande des efforts, des choix et donc des renoncements (on y parle de Béatrice Dalle, mais pas de Corynne-Boule-de-flipper-Charby) mais enfin, on aborde toute l’économie du cinéma, son financement, ses techniciens et on a même droit à une journée dans le cinéma burkinabé. Que demande le peuple cinéphile ?

L’Anticylopédie du cinéma, d’Emmanuel Vincenot et Emmanuel Prelle, est publiée aux éditions Wombat
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