Vrais faux semblants sur la Toile
La forte progression de l’e-commerce et la toute puissance des médias sociaux dans les mécanismes d’achat attisent de plus en plus les convoitises. Faux amis, avis fictifs et autres publicités déguisées : certains e-marchands du temple sont prêts à tout pour quelques “fans” de plus, un meilleur référencement ou un instant de notoriété.
Les techniques employées sont nombreuses et variées:
● rédaction répétée d’avis positifs
● rédaction d’avis négatifs sur les concurrents
● commentaires automatiques publiés par des robots
● modération abusive par la suppression des critiques
● achat de fans Facebook ou de « followers » Twitter
● référencement abusif
Encouragé par un flou juridique, ce genre de pratiques se répand malheureusement. Que ce soit sur acheter-des-fans.com ou eBay , tout le monde peut aujourd’hui se payer plusieurs milliers de fans ou de suiveurs pour quelques dizaines d’Euros.
Twitter et Facebook ne sont d’ailleurs plus les seuls en cause. Des « J’aime » se marchandent également par milliers pour Google+, Instagram ou Pinterest, tout comme les « vues » pour YouTube, Dailymotion ou Vimeo, les « écoutes » pour Soundcloud, etc.
Les grands acteurs du web prennent ces dérives très au sérieux. Il s’agit évidemment d’éviter un glissement vers le chaos. A commencer par Google qui a déployé « Panda » en 2011 et surtout « Penguin » en 2012 afin de lutter contre le « spamdexing » ou référencement abusif. Ainsi, les sites reconnus coupables de tentative de tromperie sur le moteur de recherche sont purement et simplement bannis des premières pages de résultats.
Facebook, soucieux de garder sa crédibilité auprès des annonceurs, a affirmé début septembre son intention de supprimer les mentions « J’aime » suspectes, notamment celles qui ont été achetées en masse ou obtenues grâce à de faux comptes. Facebook espère ainsi réduire à moins de 1% la part des faux « J’aime ».
Même si le fraudeur n’est pas arrêté par les garde-fous techniques, il peut être pris en flagrant délit par les internautes eux-mêmes. Dans ce cas, le retour de bâton, en termes d’image, est souvent douloureux. Gageons qu’Orangina, soupçonnée en début d’année de tromper ses fans Facebook en manipulant les commentaires et les « J’aime », fera désormais plus attention, tout comme Mitt Romney soupçonné d’avoir acheté 150’000 « followers » Twitter cet été.
Ce genre d’exemples contribue à sensibiliser les marques, les personnalités mais surtout les Community Managers à leur service aux risques que représente la « triche ». L’augmentation du nombre de programmes sérieux de formation ainsi que les règles de déontologie pour les métiers du web jouent un rôle très important également.
Mais la solution passe avant tout par l’information et l’éducation des internautes. Heureusement, ils ne sont pas tous dupes, comme le montre la dernière étude du comparateur de satisfaction Testntrust , réalisée en France cet été. Globalement, les consommateurs continuent de consulter les avis en ligne mais sont moins crédules et se méfient désormais davantage des commentaires.
Enfin, quelques outils peuvent aider à débusquer les abus. Twitter Counter par exemple permet d’observer la courbe d’évolution du nombre d’abonnés de n’importe quel compte Twitter. Fake Follower Check analyse les « followers » et tente de calculer le pourcentage de faux, c’est-à-dire des comptes qui suivent énormément de personnes, sans jamais être suivis en retour ni jamais rien publier.
Olivier Tripet
www.communitymanagers.ch
1. http://www.acheter-des-fans.com
2. http://www.ebay.com/